La littérature juive contemporaine réserve parfois des surprises inattendues. C’est le cas avec la sortie du premier roman d’Avraham Elitzur, arrière-petit-fils de la célèbre écrivaine Rivka Elitzur ז »ל. Son livre, intitulé ‘השנה שאחרי הפור’, se présente comme une fantasy hassidique moderne – une combinaison a priori improbable entre l’imaginaire religieux, la quête mystique et l’univers littéraire israélien actuel.


Une fantasy sans dragons, mais avec des tsadikim

Contrairement à la fantasy occidentale peuplée de dragons et de royaumes imaginaires, Avraham Elitzur propose une plongée dans l’univers des yeshivot et des avrékhim (étudiants en études talmudiques), confrontés à leurs doutes, leurs choix de vie et leurs rencontres avec un tsadik faiseur de miracles.

Le roman suit cinq personnages venus consulter ce maître spirituel, chacun avec son fardeau personnel. À travers ces récits croisés, l’auteur explore les grands thèmes universels de la condition humaine : la recherche de sens, le poids du destin, la possibilité de le transformer – que ce soit dans la parentalité, le couple ou la vie religieuse.


« Ce n’est pas une fantasy classique »

Interrogé sur son style, Elitzur précise : « Ce n’est pas une fantasy avec des dragons ou des elfes, mais une fantasy enracinée dans la tradition juive. Les textes rabbiniques regorgent de récits surnaturels, de miracles et de légendes. Pourquoi ne pas les réinterpréter aujourd’hui ? »

Il assume une liberté créative qui dépasse les codes stricts du milieu religieux : pas de morale prédéfinie, pas de message figé, mais un récit ouvert, qui invite le lecteur à réfléchir par lui-même.


Héritage et singularité

Avraham Elitzur ne cache pas que son arrière-grand-mère, Rivka Elitzur, plane comme une ombre tutélaire sur sa trajectoire. Mais il insiste : il n’a pas cherché à « continuer une lignée littéraire » – il se situe plutôt dans un cheminement personnel. Loin d’écrire uniquement pour un public religieux, il a choisi de publier son œuvre chez Yedioth Books, une grande maison d’édition généraliste, afin de rappeler que l’univers juif fait partie intégrante de l’identité israélienne.


Quand le hassidisme inspire la modernité

Le projet d’Elitzur révèle une tendance plus large : l’appropriation de la culture hassidique comme matrice d’imaginaire moderne. Alors que le monde occidental s’empare de Tolkien ou de la mythologie nordique, Israël redécouvre la puissance poétique de ses propres récits : les histoires de rabbins miraculeux, de serments, de prodiges ou encore d’enseignements transmis entre maître et disciple.

Cette démarche offre un antidote précieux face à l’accusation souvent répétée que la littérature religieuse serait figée ou dépassée. Bien au contraire : elle devient un laboratoire d’innovation narrative.


De la yeshiva à la fantasy israélienne

Le livre est aussi un témoignage générationnel. Elitzur confie que son désir d’écrire est né dès l’adolescence, alors qu’il était lui-même étudiant dans une yeshiva. Il raconte qu’à 18 ans, il a commencé à transcrire ses expériences sous une forme romanesque, sans chercher à coller à une « mission éducative ».

Le résultat : une œuvre hybride, à la frontière de la tradition et de la modernité, qui met en scène des héros religieux en quête de destin. On est loin de l’image caricaturale du jeune religieux enfermé dans ses dogmes.


Un projet littéraire en devenir

Avec « L’année après le Pour », Avraham Elitzur inaugure ce qu’il espère être une série de récits originaux, tous enracinés dans la société israélienne. Son ambition est claire : créer une littérature israélienne, spirituelle et universelle, capable de dialoguer à la fois avec le patrimoine juif et avec les genres littéraires mondiaux.

Comme il le dit lui-même : « La judaïsme est plein d’histoires surnaturelles. Il est temps de les raconter autrement, avec notre langage, notre époque, notre Israël. »


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