Ce qui devait être une simple escapade à Eilat, “quelques jours de repos avant que la vie ne change”, s’est transformé en une naissance dramatique à seulement 29 semaines de grossesse. Une jeune femme de Jérusalem a mis au monde une petite fille prématurée d’à peine 1,250 kg dans l’hôpital Yosseftal, dépourvu de service de néonatalogie. Quelques heures plus tard, la nouveau-née a été embarquée dans un vol médical d’urgence en hélicoptère vers le centre hospitalier Hadassah Har HaTsoufim à Jérusalem — l’une des opérations les plus inhabituelles jamais réalisées par l’établissement. Grâce à une coordination remarquable entre plusieurs équipes médicales, l’histoire s’est conclue sur une note heureuse : la petite, baptisée Yahav, a pu rentrer chez elle en parfaite santé.
L’hélicoptère qui s’est posé il y a deux semaines sur l’héliport de Hadassah transportait ce qui deviendrait “la patiente la plus petite jamais admise par voie aérienne”, selon le personnel. À quatre heures de vie seulement, la fillette devait être prise en charge immédiatement par le service de néonatalogie.
Une soirée à Eilat qui vire à l’urgence obstétricale
Les parents, originaires de Jérusalem, étaient arrivés à Eilat pour quelques jours : “C’était notre première grossesse, on voulait profiter d’un moment à deux avant le grand changement”, raconte le père. Mais dans la soirée, la future maman commence à ressentir des douleurs. Rien d’inquiétant au début, “peut-être la fatigue”, pensent-ils. Elle encourage même son mari à rejoindre des amis.
Une heure plus tard, tout bascule.
“Elle m’a appelé en disant qu’elle ne pouvait plus dormir tellement le douleur s’intensifiait. J’ai compris immédiatement qu’il se passait quelque chose de grave”, confie-t-il. Ils se précipitent vers l’hôpital Yosseftal : la jeune femme est déjà en dilatation 4, en pleine entrée de travail.
L’équipe médicale tente de retarder la naissance afin d’administrer examens et traitements indispensables. L’effort ne retarde l’accouchement que d’un jour : la future mère atteint rapidement dilatation 9. Elle accouche sans péridurale, accompagnée de deux sages-femmes expérimentées. La petite respire, pleure, réagit — un signe encourageant. Mais le défi est immense : Yosseftal ne possède pas de service de néonatalogie.
Un transfert rare, complexe, vital : la course contre la montre
Dès les premières heures, les parents demandent un transfert vers Hadassah Har HaTsoufim, réputé pour l’excellence de sa néonatalogie. “En tant que Jérusalémites, c’était pour nous une évidence”, confie la mère.
Mais transférer une prématurée de ce poids par hélicoptère reste une opération exceptionnelle. L’idée d’un transport privé est même évoquée. En parallèle, les équipes de Yosseftal, Hadassah Ein Kerem et Hadassah Har HaTsoufim se mobilisent frénétiquement pour organiser une solution sécurisée.
“Il y avait littéralement des équipes hospitalières entières sur le pont”, raconte la mère. Toutes les variables sont examinées avant qu’une décision ne tombe : la fillette sera transportée par hélicoptère médical jusqu’à Hadassah Har HaTsoufim.
Le Dr Sinan Abu Lail, chef du service de néonatalogie, se souvient :
“Nous avons immédiatement validé le transfert. Cette famille se retrouvait loin de chez elle, loin de ses proches, et cette petite nécessitait une surveillance de pointe. Toute l’équipe les attendait personnellement sur l’héliport.”
À bord, les médecins maintiennent une assistance respiratoire non invasive. L’enfant arrive en état stable : semaine 29+6, poids 1,250 kg.
Hadassah mobilise ses équipes : “Une prise en charge d’une intensité exceptionnelle”
À l’arrivée, Yosseftal transfère toutes les données cliniques. La néonatalogie de Hadassah active immédiatement la procédure rare d’accueil par hélicoptère.
“Toute l’équipe était prête”, explique Talia Wiesner, infirmière-cheffe :
“Une telle mission n’est pas courante. J’ai accompagné des prématurés depuis l’étranger ou entre pays européens, mais c’était la première fois qu’une prématurée atterrissait directement chez nous par hélicoptère.”
Yahav est placée en incubateur, reliée à une assistance respiratoire légère. Des cathéters ombilicaux sont posés pour éviter de multiples ponctions. L’équipe de néonatalogie suit chaque paramètre, chaque variation. L’état est jugé stable, prometteur.
Le lendemain, la mère rejoint sa fille. Elle raconte son soulagement :
“Quand je l’ai retrouvée, j’ai pu dormir pour la première fois. Nous l’avons appelée Yahav, qui signifie ‘espoir’. Cela résume tout ce que nous avons vécu.”
Son mari, blessé plus tôt pendant la guerre, bénéficie du programme “Lehatsetekh — À tes côtés”, un projet d’accompagnement périnatal soutenu par la Fédération juive d’Amérique du Nord et le ministère de la Défense. Des sages-femmes ont suivi la mère durant la grossesse et l’ont soutenue même à distance.
Deux semaines d’hospitalisation, une sortie triomphale
Pendant près de deux semaines, l’équipe surveille méticuleusement l’évolution de Yahav. Elle prend du poids, s’alimente bien, stabilise sa respiration, progresse chaque jour. Puis vient le moment tant attendu : la sortie.
“Elle s’est développée exactement comme nous l’espérions”, explique le Dr Abu Lail.
“Nous offrons toujours un accompagnement psychologique, car une naissance soudaine et une évacuation aérienne peuvent être traumatisantes. Mais ici, la conclusion est simple : fin heureuse. La petite et ses parents ont pu rentrer chez eux pour commencer une nouvelle vie.”
Une histoire qui aurait pu virer au drame, transformée en véritable opération de sauvetage médicale — la preuve que coordination, expertise et humanité peuvent, parfois, déjouer la fatalité.






