Il y a des dessins partout, des fleurs, des clowns, des jeux, des rires et des pleurs d’enfants et des parents dont on se demande d’où vient leur force de sourire et de vivre encore dans un monde pourtant très difficile à vivre.
Il y a aussi des enfants de tous les âges et de toutes les religions, Juifs, arabes et chrétiens, tous sur le même bateau.
Ce même bateau qui navigue sur les flots de la vie, qui tente de passer les vagues du cancer, les vents forts des infections les plus dangereuses, les tempêtes de pluie de ces jeunes filles anorexiques dont les larmes ne coulent plus. Mais aussi ces enfants qui du jour au lendemain arrivent de toute urgence depuis des hélicoptères de Tsahal suite à des accidents graves de la route.
C’est un bateau qui est navigué par des anges , elles sont là pour tous ces enfants afin de les aider à continuer à vivre leur enfance correctement, et sans souffrance. Ces anges, sont ces jeunes filles entre 18 et 20 ans qui ont décidé de donner un an et deux ans comme ma fille Myriam, pour que le bateau ne coule pas au sein en choisissant de faire le Sherout Leoumi.
Bien évidement les médecins sont aussi les capitaines de ce navire, mais ils ne peuvent agir sans les anges de Soroka. Si vous rencontrez ces anges, vous ne les remarquerez même pas, car elles sont habillées comme vous et moi, elles sont aussi sur leur téléphones, prennent des nouvelles de leurs copines, et pourtant, nous sommes très loin d’arriver à leur niveau.
Leur innocence est leur plus grande force, car elles abordent l’impensable, l’intolérable avec une grandeur que nous ne pourrions pas envisager, elles peuvent parler et s’occuper d’un de ses enfants atteint du cancer pendant des mois et des semaines, et arriver un beau matin, et découvrir que la chambre est vide, car le petit Moshe, ou la petite Fatima sont décédés de cette maladie tueuse.
Quand je suis venue à Soroka pour découvrir avec d’autres parents ce que nos enfants faisaient depuis des mois, j’ai compris à quel point mon enfant et toutes ces jeunes filles qui ne font pas la différence entre un enfant de Gaza, de Sderot ou de Jérusalem, sont des anges à qui nous devons toute notre gratitude, pour ce message d’humanité et de don de soi.
Elles se lèvent tôt le matin et chacune avec sa classe va s’occuper de plusieurs enfants malades, par des travaux manuels, l’aide au études car l’école est impossible et donc tout se fait à l’hôpital, les distributions de cadeaux, les encouragements pour les nouveaux venus, les jeux avec les plus petits, les moments de complicité avec les jeunes anorexiques, les paroles de soutien aux parents des enfants cancéreux…la liste est longue mais pour elles, rien n’est long car elles sont venues ici pour aider bénévolement pendant deux ans de leur jeunesse, tous les jours, pendants les vacances, et aussi dans leur pensée quand elles rentrent chez leur famille.
Juste merci à mon ange, merci à toi Myriam.
Maman – Sabrina Netivot