En Israël, l’explosion des travaux de construction et de projets d’infrastructures génère une crise environnementale silencieuse : des dizaines de millions de mètres cubes de terre excédentaire, issus des chantiers et des parkings souterrains, s’accumulent sans solution claire pour leur traitement.

Selon un rapport du ministère israélien de la Protection de l’environnement, ces volumes atteindront 88 millions de m³ d’ici 2050, avec des conséquences dramatiques pour les espaces naturels, les terres agricoles et les cours d’eau.

Un problème national qui s’aggrave

Autrefois rares, les parkings souterrains se multiplient désormais dans les constructions résidentielles classiques. Les grands chantiers – train léger, routes, et bientôt métro du Grand Tel-Aviv – extraient chaque année des millions de m³ de terre, souvent inutilisables pour l’agriculture ou la construction.

Faute de régulation efficace, ces excédents sont déversés illégalement sur des terres agricoles ou des espaces ouverts, provoquant des dommages écologiques : obstruction de rivières, modification du système de drainage et risques d’inondations.

Des pertes financières colossales

Le rapport estime que la mauvaise gestion actuelle empêche l’État de percevoir jusqu’à 10 milliards de shekels d’ici 2050 grâce aux frais de transport et de stockage. Déjà aujourd’hui, le nettoyage des sites illégalement recouverts coûte des centaines de millions.

Un exemple frappant : dans la région du Yarkon, 50 sites illégaux ont été recensés, avec une facture de 90 millions de shekels pour leur remise en état.

Appels à une réforme immédiate

La Fédération des entrepreneurs israéliens réclame un plan national impliquant tous les ministères concernés – aménagement du territoire, environnement, logement, finances, et Rami (Autorité foncière d’Israël). Elle dénonce l’absence de coordination, laissant les entrepreneurs « devenir des contrevenants malgré eux ».

Des experts plaident pour la mise en place d’« sites de régulation » – carrières désaffectées ou zones dédiées – capables d’accueillir la terre excédentaire à proximité des chantiers, à l’instar du modèle canadien. Mais les appels d’offres tardent à voir le jour.

Un enjeu écologique et politique

Pour les associations environnementales, l’inaction est aggravée par un « pacte de silence » entre certaines autorités locales et exploitants agricoles acceptant les dépôts contre rémunération. Cela conduit parfois à un mélange de terre et de déchets de construction, aggravant la pollution.

Face à cette bombe écologique à retardement, la solution passe par une surveillance stricte de chaque camion, une régulation nationale et une coopération entre gouvernement, collectivités et secteur privé.


Pour aller plus loin :