Certaines personnes ont le « pardon » facile. Elles reconnaissent leurs torts, parfois avec beaucoup d’émotion, mais finissent par répéter les mêmes comportements. Cette dynamique, souvent frustrante pour l’entourage, soulève une question : pourquoi certaines excuses semblent sincères… mais n’entraînent aucun véritable changement ?
L’excuse comme stratégie relationnelle, pas comme engagement
En psychologie sociale, on distingue l’excuse réparatrice de l’excuse stratégique.
- Excuse réparatrice : elle s’accompagne d’une réelle introspection, d’une volonté de modifier ses attitudes et de prévenir la répétition.
- Excuse stratégique : elle sert principalement à désamorcer un conflit immédiat, éviter des sanctions ou regagner l’approbation de l’autre, sans réel travail sur soi.
Dans le second cas, le « pardon » devient un outil de gestion sociale plutôt qu’un acte de transformation personnelle.
Les mécanismes psychologiques en jeu
- Évitement de la dissonance cognitive
Selon la théorie de Festinger, l’être humain cherche à réduire l’inconfort lié à l’écart entre ses actes et ses valeurs. Une excuse rapide permet de restaurer une image positive de soi… sans forcément modifier le comportement en profondeur. - Manque de conscience émotionnelle
Certaines personnes identifient mal les déclencheurs internes qui les poussent à agir de façon nuisible. Elles « réparent » en surface, mais sans travail d’auto-observation, le cycle se répète. - Renforcement social
Si l’entourage accepte systématiquement les excuses, cela peut renforcer le schéma : l’individu comprend qu’il peut transgresser, s’excuser, et que la relation reviendra à la normale, sans conséquences durables. - Faible tolérance à la culpabilité
Chez certains, la culpabilité est vécue comme insupportable. Dire « pardon » agit comme un analgésique émotionnel immédiat, mais ne conduit pas à un changement structurel.
Pourquoi le changement réel est si rare
Changer un comportement nécessite :
- Prendre conscience des déclencheurs et schémas internes.
- Développer des compétences de régulation émotionnelle et comportementale.
- S’engager dans des actions concrètes qui modifient la manière d’agir dans des situations similaires.
Sans ces étapes, l’excuse devient un acte isolé, non relié à un processus d’apprentissage.
Les conséquences sur les relations
- Érosion de la confiance : lorsque les promesses implicites contenues dans l’excuse ne sont pas tenues, la crédibilité s’effondre.
- Cercle vicieux de ressentiment : la personne blessée accepte peut-être les excuses au début, mais accumule colère et amertume avec chaque répétition.
- Relation asymétrique : celui qui s’excuse maintient un certain contrôle, car il choisit quand et comment réparer, sans réellement céder de pouvoir.
Les pistes pour rompre le cycle
- Passer de l’excuse à l’engagement
Associer chaque pardon à une action concrète (changer une habitude, consulter un thérapeute, mettre en place un plan personnel). - Instaurer un retour d’expérience
Revenir avec la personne lésée après un temps donné pour montrer ce qui a changé. - Accepter la responsabilité continue
Comprendre que réparer un tort ne se limite pas au moment de l’excuse, mais implique un suivi et une constance. - Thérapie et introspection
Un accompagnement psychologique peut aider à identifier les causes profondes : immaturité émotionnelle, impulsivité, schémas relationnels hérités de l’enfance.
💡 En résumé : S’excuser facilement mais répéter ses erreurs traduit souvent un manque de travail introspectif et une tendance à utiliser l’excuse comme régulateur social rapide. Pour que le « pardon » ait un véritable impact, il doit s’accompagner d’une transformation concrète, visible et durable, autant pour le bien-être personnel que pour la santé de la relation.






