Un séisme vient d’ébranler le secteur pharmaceutique en Israël. Bristol-Myers Squibb (BMS), géant américain du médicament, et Neopharm, sa représentante locale, ont été condamnées à payer 44 millions de shekels (environ 10,5 millions d’euros) pour avoir mis en place un accord anticoncurrentiel autour d’un traitement vital contre le cancer du sang.
Une affaire explosive dans le domaine de l’oncologie
La décision émane de la Autorité israélienne de la concurrence, qui a conclu que les deux sociétés avaient imposé des conditions abusives à une entreprise souhaitant développer une version générique de l’Imnovid, un médicament destiné au traitement de la myélome multiple, une forme grave de cancer de la moelle osseuse.
Le générique, en principe, permettrait de faire baisser le prix du traitement et d’élargir l’accès des patients. Or, selon l’enquête, BMS et Neopharm ont mis en place un système dissuasif :
- Obligation pour l’entreprise concurrente de contracter une assurance de 10 millions de dollars.
- Exigence de fournir des informations financières et commerciales sensibles.
- Délai artificiel de deux mois avant la livraison de l’échantillon nécessaire, alors même que le médicament était disponible en stock.
Autrement dit, un frein organisé pour bloquer la concurrence.
Un accord « sans reconnaissance de faute »
Comme souvent dans ce genre de dossier, les entreprises ont accepté de régler l’amende dans le cadre d’un « consent decree » (arrangement négocié), tout en niant toute violation du droit de la concurrence. BMS versera la plus grosse part, tandis qu’un cadre de Neopharm devra également s’acquitter personnellement d’une amende de plus de 200 000 shekels.
Ce mécanisme permet aux deux sociétés de tourner la page sans reconnaître leur culpabilité, une stratégie courante mais qui laisse un goût amer : des pratiques anticoncurrentielles ont bien existé, mais personne ne porte officiellement la responsabilité.
Les justifications des laboratoires
Neopharm a justifié son comportement en mettant en avant la dangerosité de l’Imnovid, rappelant qu’il peut provoquer des malformations congénitales graves. Selon l’entreprise, les restrictions imposées répondaient à des obligations légales et sanitaires, et non à un calcul commercial.
De son côté, BMS s’est félicitée d’avoir mis fin à la procédure et a rappelé que son médicament a « amélioré la vie de millions de patients dans le monde ». Mais elle conteste l’idée que ses mesures de précaution aient pu constituer une violation des lois israéliennes sur la concurrence.
Un enjeu vital : le prix des médicaments
Au-delà des aspects juridiques, l’affaire met en lumière une question centrale : la mainmise des grands laboratoires sur le marché des traitements innovants. En Israël comme ailleurs, les génériques représentent une bouée de sauvetage pour les systèmes de santé et pour les familles ruinées par le coût exorbitant des traitements contre le cancer.
Le fait que deux acteurs majeurs aient été sanctionnés démontre l’ampleur du combat pour l’accès aux soins. Dans ce cas précis, l’amende imposée ne compensera jamais les années de retard infligées à l’arrivée d’un générique plus abordable.
Une leçon pour le marché israélien
Israël, souvent présenté comme une « start-up nation » dans le domaine médical, démontre par cette décision qu’il entend aussi protéger la concurrence et sanctionner les comportements de type monopolistique. Pour les patients et leurs familles, c’est un signal d’espoir : l’État ne laissera pas les laboratoires dicter seuls leurs règles.
✅ À lire aussi :
🔗 Sources complémentaires : Médicament générique – Wikipédia, Bristol-Myers Squibb – Wikipédia, Marché pharmaceutique – Wikipédia.






