C’est une double victoire pour la science israélienne. Deux chercheurs issus de prestigieuses institutions du pays — le professeur Erez Levanon de l’université Bar-Ilan et le Dr. Ivo Spiegel de l’Institut Weizmann des sciences — ont décroché des bourses d’excellence de la Conseil européen de la recherche (ERC), dans le cadre du programme Horizon Europe. Ces subventions visent à financer les projets scientifiques les plus innovants et ambitieux au monde.
Parmi 66 équipes de recherche sélectionnées à l’échelle internationale, deux sont donc israéliennes — un signe fort du rayonnement scientifique d’Israël dans les domaines de la biologie moléculaire et des neurosciences.
Soigner le foie grâce à l’ARN
Le professeur Erez Levanon, de la faculté des sciences de la vie à Bar-Ilan, dirigera un projet commun avec l’université de Tübingen (Allemagne), baptisé HepaModulatoR. Objectif : développer une approche thérapeutique inédite contre les maladies chroniques du foie et le cancer hépatique en agissant non pas sur le génome (ADN), mais sur le messager biologique (ARN).
Le projet, financé à hauteur de 10 millions d’euros, dont 2,5 millions attribués directement à l’équipe israélienne, propose une technologie révolutionnaire : l’édition réversible et précise des molécules d’ARN, permettant de corriger temporairement les erreurs cellulaires sans toucher au code génétique.
“Nous développons une méthode douce et naturelle qui permettra au corps de se réparer lui-même”, explique le professeur Levanon. “Notre approche ne modifie pas le génome, mais ajuste l’expression de l’ARN de manière personnalisée et sécurisée.”
Cette technologie pourrait ouvrir la voie à une nouvelle génération de médicaments flexibles, capables de restaurer les fonctions du foie et de ralentir, voire d’inverser, l’évolution des pathologies hépatiques. Dans un monde où les maladies du foie touchent des millions de personnes — en raison de l’alcool, d’infections virales ou de désordres métaboliques — cette avancée pourrait marquer un tournant médical.
“Nous réunissons des experts en biologie, chimie et médecine pour transformer la manière de traiter les maladies du foie”, précise Levanon. “C’est une alliance entre la recherche fondamentale et la médecine régénérative.”
Comprendre comment le cerveau apprend
À quelques dizaines de kilomètres de là, au Weizmann Institute of Science, le Dr. Ivo Spiegel et son équipe ont également été distingués pour un projet novateur sur les mécanismes neuronaux de l’apprentissage.
Leur objectif : décrypter les circuits cellulaires et synaptiques qui permettent au cerveau d’assimiler et de mémoriser des informations. Le cœur de leurs recherches se concentre sur une région clé du cerveau — l’hippocampe — impliquée dans l’apprentissage spatial et la navigation cognitive.
Grâce à une technologie pionnière développée en collaboration avec le professeur Attila Losonczy de l’université Columbia (New York), l’équipe de Spiegel peut désormais identifier et marquer avec précision les neurones activés pendant l’acte d’apprendre. Une prouesse technologique qui permet d’observer, en temps réel, la formation des souvenirs.
“Nous voulons comprendre comment différentes couches d’organisation du système nerveux — du niveau moléculaire jusqu’au comportement — coopèrent pour permettre l’apprentissage”, explique le Dr. Spiegel.
Son projet associe biologistes, généticiens et neurophysiologistes dans un modèle de recherche intégrée, combinant observation cellulaire, analyses génétiques et études comportementales. Cette approche globale promet de réécrire la compréhension scientifique des processus d’apprentissage et pourrait, à terme, contribuer à la mise au point de traitements contre les troubles cognitifs et les maladies neurodégénératives.
L’Europe reconnaît l’excellence scientifique israélienne
Les mécanismes de financement européens, souvent très sélectifs, privilégient les projets à fort potentiel d’impact international. Le fait qu’Israël figure parmi les lauréats de 2025 est une reconnaissance éclatante de sa place de leader scientifique au Moyen-Orient, dans un contexte mondial de compétition pour l’innovation biomédicale.
Le programme Horizon Europe, doté d’un budget de 95 milliards d’euros, soutient chaque année des projets à haut risque et fort rendement, encourageant la collaboration transfrontalière. Israël, partenaire scientifique associé de l’Union européenne, y joue un rôle moteur.
Les réussites du professeur Levanon et du Dr. Spiegel symbolisent cette symbiose entre excellence académique, technologie de pointe et vision humaniste : faire progresser la science pour guérir le corps et comprendre l’esprit.
“Du foie au cerveau, c’est le même message : la science israélienne innove, soigne et inspire”, a commenté un porte-parole du ministère israélien de la Science.






