Un geste anodin, presque machinal, qui peut se transformer en urgence médicale sévère. Les médecins israéliens tirent la sonnette d’alarme après une série d’hospitalisations causées par l’arrachage de poils du nez — une pratique esthétique courante, mais dangereuse. L’alerte a été rendue publique par le service ORL de l’hôpital Ichilov à Tel-Aviv, dans un reportage de mako Santé (source : https://www.mako.co.il/health).

Derrière ce phénomène, un constat inquiétant : le nez contient une zone vasculaire considérée comme l’une des plus sensibles du corps humain. Manipuler les poils internes — avec une pince, de la cire ou même des ciseaux mal désinfectés — peut provoquer des infections graves, allant jusqu’à la méningite ou à des complications intracrâniennes potentiellement mortelles.


Un patient hospitalisé après une infection sévère : « toute la zone est devenue purulente »

Selon la Dre Sophie Matot, médecin ORL à l’hôpital Ichilov citée par mako, plusieurs patients se présentent récemment avec des infections sévères après avoir tenté de retirer des poils du nez. Elle raconte notamment le cas d’un jeune homme actuellement hospitalisé :
« Il a arraché un poil dans la zone interne du nez, et toute la région est devenue gonflée, enflammée et pleine de pus. Il a dû subir un drainage chirurgical et recevoir des antibiotiques par voie intraveineuse. »

Ce témoignage n’est pas isolé :

  • plusieurs hommes adultes ont été admis ces dernières semaines pour des complications similaires,
  • les infections se développent souvent rapidement,
  • certains patients arrivent avec une douleur intense, de la fièvre, et un gonflement qui empêche parfois même de respirer normalement.

Pourquoi cette zone est-elle si dangereuse ? Le « triangle de la mort »

L’intérieur du nez fait partie d’une région anatomique appelée par les médecins le « danger triangle » (« Triangle dangereux »). Il s’agit d’un territoire facial où les veines ne possèdent pas de valves, ce qui signifie que les bactéries peuvent remonter facilement vers le cerveau.

La Dr Matot l’explique clairement :
« Si on crée une blessure dans cette zone — coupure, arrachement de poil, irritation — les bactéries peuvent pénétrer dans un système veineux qui se jette directement vers le cerveau. Cela peut mener à une méningite, une sinusite fulminante ou, dans les cas extrêmes, à une thrombose intracrânienne. »

Ce risque est faible mais réel, et les médecins rappellent que certaines complications surviennent en quelques heures seulement.


Les méthodes d’épilation les plus dangereuses

De nombreuses personnes souhaitent une apparence plus propre, notamment chez les hommes, qui retirent souvent les poils du nez pour des raisons esthétiques. Mais la Dre Matot rappelle que certaines techniques sont particulièrement dangereuses.

Les méthodes à éviter absolument :

  • la pince à épiler, qui arrache le poil avec son bulbe et crée une micro-blessure ouverte,
  • la cire chaude, qui arrache plusieurs poils d’un coup et peut brûler la muqueuse,
  • les ciseaux non désinfectés, qui provoquent parfois des coupures minimes mais profondes,
  • les appareils électriques agressifs, qui irritent la zone interne.

Les conséquences peuvent aller du simple bouton infecté jusqu’à un abcès profond nécessitant un traitement hospitalier lourd.


Qui est le plus vulnérable ?

La spécialiste précise que certains profils sont davantage exposés :

  • les personnes atteintes de diabète,
  • celles souffrant de baisse d’immunité,
  • les patients prenant des traitements immunosuppresseurs,
  • les individus sujets à des infections cutanées répétées.

Cependant, comme le rappelle l’hôpital, la majorité des cas récents concernent des jeunes en parfaite santé. Le seul dénominateur commun : ils ont retiré un poil du nez avec une pince, un geste considéré à tort comme sans danger.


Les signes d’alerte à ne jamais ignorer

Les ORL recommandent de consulter un médecin immédiatement si un des symptômes suivants apparaît dans les 24–48 heures après l’arrachage d’un poil :

  • rougeur importante autour du nez,
  • douleur au toucher,
  • sensation de chaleur ou brûlure,
  • gonflement du nez ou du visage,
  • écoulement purulent,
  • fièvre,
  • maux de tête intenses.

La prise d’antibiotiques à temps peut empêcher une progression dramatique. Dans certains cas, une intervention chirurgicale pour drainer un abcès est la seule option.


Comment s’entretenir en toute sécurité ? Les recommandations des spécialistes

Les médecins donnent une ligne claire : ne pas arracher les poils à la racine.
Voici les alternatives recommandées :

  • couper délicatement les poils visibles à l’entrée du nez avec de petits ciseaux arrondis et désinfectés,
  • utiliser une tondeuse spéciale conçue pour limiter les micro-blessures,
  • maintenir une bonne hygiène nasale.

Et surtout : éviter toute technique qui crée une plaie interne.

Cette mise en garde s’inscrit dans une tendance sanitaire plus large en Israël : de nombreux comportements esthétiques ou quotidiens, considérés comme anodins, se révèlent parfois dangereux. Les autorités médicales rappellent qu’une simple recherche esthétique ne doit jamais se faire au prix d’un risque vital.


Un phénomène qui surprend, mais qui doit être pris au sérieux

Le reportage met en lumière une réalité méconnue : l’arrachage des poils du nez, un geste répété par des milliers d’Israéliens chaque jour, peut mener à des complications graves et même à des hospitalisations. La communauté médicale appelle donc à la prudence, mais aussi à l’éducation sanitaire.

Dans un contexte où les hôpitaux sont déjà fortement sollicités — en particulier en période d’hiver — les médecins demandent de ne pas aggraver inutilement les admissions pour des gestes évitables. Un simple réflexe d’hygiène suffit à se protéger.