Comment les Israéliens peuvent-ils vaincre la guerre psychologique du Hamas ?

Dans de tels cas, la mémoire externe du défunt ne peut pas être intériorisée par les membres de la famille et les amis, en raison de l’incertitude entourant son sort. La possibilité de leur survie perpétue cette agonie. 

En plus du chagrin non résolu causé par l’incapacité d’intérioriser leur mémoire, l’incertitude elle-même est une source écrasante de souffrance. Attendre les résultats d’un examen médical est un excellent exemple de la façon dont la période d’attente peut être plus difficile que de recevoir les nouvelles.

À l’heure actuelle, des milliers de personnes en Israël se trouvent précisément dans cette situation. Des centaines de corps ont subi des mutilations si graves qu’il est impossible de dire aux familles si leurs proches ont été kidnappés ou tués. 

Paradoxalement, savoir qu’un être cher est décédé, aussi horrible soit-il, peut être plus facile à supporter que l’incertitude persistante.

Les familles des personnes enlevées vivent également une profonde incertitude. Même s’ils ont vu leurs proches être emmenés à Gaza en ce jour sombre du 7 octobre, il reste impossible de savoir où ils se trouvent ni dans quel état ils se trouvent. Sont-ils encore en vie ? Où sont-ils détenus ? Dans quelles circonstances? Sont-ils victimes de mauvais traitements ? Ces questions tourmentantes, parmi tant d’autres, hantent leurs pensées.

Nous avons tous été touchés par le cas déchirant d’Abigail, trois ans, de Kfar Gaza, dont les parents ont été tragiquement assassinés, la laissant seule à Gaza, sans aucune famille. 

L’incertitude entourant le bien-être d’Abigail fonctionne comme une sorte de mégaphone : que lui arrive-t-il ? Qui s’occupe d’elle ? L’apaiser ? Essuyer ses larmes ? L’endormir ?

Cette situation est insupportable et inhumaine. L’incertitude crée un vide dans lequel se rassemblent une multitude de questions angoissantes, et les réponses à ces questions se traduisent souvent par une anxiété accablante, qui peut parfois même être paralysante. L’anxiété est un mécanisme de survie naturel qui produit une certitude imaginée.

C’est pourquoi je propose une approche active pour combattre la terreur provoquée par l’anxiété – un exercice qui peut offrir un certain soulagement émotionnel. Cet exercice psychologique s’appuie sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et peut donc être appliqué dans la vie de tous les jours, notamment en période d’incertitude.

Son objectif est de cultiver un sentiment de stabilité, qui fait cruellement défaut à l’heure actuelle, et de donner un sentiment de certitude sur ce qui est encore sous notre contrôle. L’exercice fait partie d’une méthode qui permet de restaurer un sentiment de contrôle lors des moments d’anxiété et de peur. Cela consiste à s’ancrer , à s’engager dans des activités, à guider son imagination et à normaliser ses pensées. 

Bien que chaque étape complète la suivante, en cas d’incertitude et de stress extrêmes, il est conseillé de se concentrer et de répéter continuellement la première et la plus importante étape : l’ancrage. 

1. Quelles pensées tourbillonnent dans mon esprit ?
2. Qu’est-ce que je sais vraiment ?
3. Suis-je anxieux à propos de quelque chose de négatif ?
4. Se pourrait-il que la situation ne soit pas aussi désastreuse qu’elle le paraît ?
5. Se pourrait-il que la situation soit plus favorable que je ne le pense ? 

Si les informations ou les rumeurs que j’entends ne proviennent pas d’une source fiable (ce qui est probablement le cas), ou si la source a des intentions douteuses (encore une fois, c’est probablement le cas), existe-t-il une autre source fiable qui peut confirmer la survie de notre proche ? Ai-je vu des preuves concrètes de leur bien-être ? Sont-ils capables de marcher ? (En cas de doute, la réponse est probablement non).

Le but de ces questions est de passer au crible la mer d’incertitude dans votre esprit et de distiller la réalité telle qu’elle est. Il est évident que vous n’avez actuellement aucun contrôle sur la situation de vos proches en captivité, mais vous pouvez contrôler les informations qui vous parviennent et éviter d’accepter des informations incontestablement fausses ou ouï-dire. 

Chaque fois que des pensées négatives commencent à dominer votre esprit, demandez-vous immédiatement s’il est possible que la situation soit plus positive que vous ne le pensez face aux rumeurs abondantes et entretenues par le Hamas dans le cadre de sa guerre psychologique contre nous.

Le Dr Nir Essar est le fondateur de l’Institut Psagot, directeur médical expert et instructeur en thérapie cognitivo-comportementale.

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