À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, les locations de courte durée type Airbnb seront totalement interdites dans le 6ᵉ arrondissement de Budapest, Terézváros, surnommé parfois le « Broadway de la capitale hongroise ». Une mesure radicale, première du genre en Hongrie, qui pourrait bouleverser les habitudes de milliers de touristes — y compris les nombreux Israéliens qui affectionnent particulièrement ce quartier animé.
Source : https://www.israelhayom.co.il
L’annonce a provoqué un véritable séisme : le secteur de la location touristique, devenu un pilier économique depuis 2020, va devoir se transformer brutalement. Mais pour les autorités locales, ce changement est devenu indispensable afin d’enrayer une crise du logement qui chasse les habitants historiques du cœur de Budapest.
Terézváros, un quartier emblématique : musées, théâtres et locations à bas prix
Le 6ᵉ arrondissement est l’un des secteurs les plus recherchés de Budapest. On y trouve :
- l’Opéra national,
- les grands théâtres du centre,
- la prestigieuse avenue Andrássy,
- et sa proximité avec les bains Széchenyi.
Ce quartier constitue depuis des années le point de chute idéal pour les voyageurs souhaitant séjourner en centre-ville sans exploser leur budget. Pas étonnant qu’il soit devenu un territoire privilégié des plateformes de location court terme.
Mais cette attractivité a un prix : selon les données de la ville, 50 % des appartements de certains immeubles sont désormais transformés en locations touristiques.
80 % de croissance en quatre ans : la machine Airbnb hors de contrôle
Depuis 2020, le nombre de logements Airbnb à Budapest a bondi de 80 %, dépassant désormais le nombre de chambres d’hôtels disponibles. En 2024, la Hongrie a enregistré un record de 18 millions de visiteurs, dont un tiers à Budapest — une augmentation de 24 % par rapport à l’année précédente.
Près de 40 % des touristes séjournent via Airbnb ou services similaires — un chiffre bien supérieur à la moyenne européenne d’environ 28 %.
Pour Tamás Soproni, maire de Terézváros, cette situation n’est plus tenable :
« Les habitants sont chassés et remplacés par des touristes. Ce n’est pas la bonne direction. »
Il affirme que l’interdiction totale est la seule manière d’empêcher le centre-ville de se transformer en un « Disneyland d’attractions et de chaînes internationales » dépourvu de vie locale.
La décision, contestée par les propriétaires, a néanmoins été validée par la Cour suprême hongroise, confirmant sa légalité.
Les propriétaires crient à la catastrophe : “On nous enlève notre revenu principal”
Face à cette décision, les propriétaires et associations de bailleurs dénoncent une mesure brutale, énergique mais économiquement destructrice.
Balázs Somiki, président de l’Association des loueurs, prévient que :
- des milliers d’emplois pourraient disparaître,
- de petites entreprises locales seraient frappées de plein fouet,
- les prix des hôtels grimperaient par manque d’offre alternative.
Il rappelle que le district tire un milliard de forints (près de 10 millions de shekels) de taxes et redevances liées aux locations touristiques :
« Un revenu qui va être jeté à la poubelle. »
Pour lui, la solution n’est pas l’interdiction, mais la régulation, sur le modèle de Barcelone, qui impose des contrôles 24/7, des détecteurs de bruit et une supervision stricte — sans bannissement complet.
Des témoignages poignants : “On me retire le tapis sous les pieds”
Les propriétaires individuels expriment une même colère.
Como Nóra, ancienne danseuse de ballet, qui loue deux appartements et pour qui Airbnb constitue la seule source de revenus :
« J’ai tout investi dans ces appartements, j’ai respecté les règles, payé mes taxes. Et maintenant, on me retire le tapis sous les pieds. »
Elle explique que la location longue durée est moins rentable, plus risquée, et insuffisante pour assurer sa stabilité financière.
Le sentiment général est celui d’une communauté prise au piège : sommée d’obéir sans compensation, alors qu’elle a soutenu l’économie touristique du pays pendant des années.
La Hongrie face à son paradoxe : entre boom touristique et crise du logement
Le gouvernement d’Orbán, très actif dans la promotion du tourisme — notamment par une campagne récemment relayée : « Il n’y a pas de migrants ici, venez visiter » — a lui-même renforcé la régulation ces dernières années :
- quadruplement des taxes,
- gel du registre des nouvelles locations,
- contrôles accrus.
Mais ce n’était pas suffisant, selon les autorités locales du 6ᵉ district.
Terézváros devient ainsi le premier secteur à franchir la ligne rouge de l’interdiction totale.
Reste une question : les autres quartiers suivront-ils ?
Les sondages montrent une opinion divisée : pas de majorité pour une interdiction totale, mais un soutien réel à des restrictions fortes.
Une tendance européenne : Barcelone, Madrid, Séville et d’autres avancent vers le bannissement
Ce mouvement ne concerne pas que Budapest. Partout en Europe, les villes tentent de reprendre le contrôle de leurs centres historiques :
- Barcelone prévoit l’interdiction totale d’Airbnb d’ici 2028.
- La gouvernement espagnol exige le retrait de 65 000 annonces jugées illégales.
- Madrid va supprimer près de 5 000 logements de son marché locatif touristique.
- Séville limite les locations courtes à 10 % des appartements par quartier.
La Hongrie rejoint ainsi une tendance européenne visant à freiner une industrie devenue trop puissante, trop rapide et souvent inégalitaire.
Conclusion : un tournant majeur pour Budapest — et une alerte pour les voyageurs
Pour les voyageurs israéliens, habitués à séjourner à Budapest dans des appartements abordables et centraux, cette interdiction est un changement majeur. Elle annonce :
- une offre beaucoup plus limitée,
- une hausse probable des prix hôteliers,
- la fin d’un modèle de séjour flexible et bon marché dans l’un des quartiers les plus prisés de la ville.
Mais pour les habitants de Terézváros, c’est peut-être la première étape vers la reconquête de leur vie quotidienne.






