En Israël, Noël n’est pas une fête célébrée. Cette réalité, souvent mal comprise à l’étranger, s’explique par des raisons profondes, à la fois bibliques, historiques et identitaires. Noël ne figure pas parmi les fêtes prescrites par la Torah, comme celles énumérées dans le Lévitique. Il est également associé, dans la mémoire collective juive, à une histoire marquée par des siècles de persécutions, de conversions forcées et de violences subies au nom d’un christianisme institutionnel hostile aux Juifs. Enfin, cette période coïncide généralement avec Hanoucca, la fête juive de la dédicace du Temple, profondément ancrée dans l’histoire nationale et spirituelle d’Israël.

Pourtant, le paradoxe est saisissant : la naissance du Messie est l’un des récits les plus juifs qui soient. Tout, dans cette histoire, est enraciné dans la terre d’Israël et dans l’attente messianique du peuple juif. La lignée, les villes de Galilée et de Judée, le Temple, les rituels, les figures bibliques qui attendent la consolation d’Israël — rien n’est étranger au judaïsme. Cet événement est également profondément prophétique, accomplissant les paroles d’Isaïe et de Michée, piliers de la prophétie biblique hébraïque.

Avec le temps, cet événement central est pourtant devenu distant pour une grande partie du peuple juif. La transformation progressive de Noël en fête imprégnée de symboles païens — sapins, lumières, figures folkloriques — a contribué à cet éloignement. L’influence des Saturnales romaines et du culte du « Soleil invaincu » a profondément marqué les traditions occidentales, brouillant le message originel et renforçant la méfiance juive à l’égard de cette célébration.

Pour autant, cette période peut aussi devenir un moment de réflexion et de transmission. Dans l’Évangile de Jean, le Messie se tient dans le Temple lors de la fête de Hanoucca et se présente comme la Lumière du monde. Un rappel que, même au cœur de traditions non prescrites, un message spirituel peut être porté — à condition de revenir à l’essentiel. Pour Israël, le Messie reste l’espérance nationale. Pour les nations, il demeure un appel universel à la responsabilité morale et spirituelle.

Ce questionnement spirituel s’inscrit aujourd’hui dans une réalité israélienne plus large, marquée par une résilience impressionnante. À peine sorti de la guerre déclenchée après le 7 octobre 2023, Israël s’est hissé à la troisième place mondiale des économies les plus prospères pour 2025, selon l’hebdomadaire britannique The Economist. Le magazine souligne que l’économie israélienne « continue de se redresser puissamment du chaos de 2023 », notamment grâce à la solidité de son secteur financier et technologique.

La Bourse de Tel-Aviv a connu une progression spectaculaire ces derniers mois, avec des hausses marquées comme celle de Bank Leumi, dont l’action a bondi d’environ 70 %. Sur les 36 économies étudiées, seul le Portugal — premier — et l’Irlande — deuxième — devancent Israël dans ce classement.

Les prévisions de l’OCDE confirment cette dynamique : une croissance attendue de 4,9 % en 2026 et de 4,6 % en 2027, les plus élevées parmi les pays développés. À titre de comparaison, la croissance moyenne des pays de l’OCDE devrait plafonner autour de 1,8 %. Les données du FMI vont dans le même sens : le PIB par habitant d’Israël devrait dépasser les 60 000 dollars en 2025, bien au-dessus de celui de la zone euro et de l’Union européenne.

Israël ne se situe désormais qu’à un peu plus de 6 000 dollars du PIB moyen par habitant des pays du G7. Pour l’économiste israélien Shlomo Maoz, cité dans Maariv, ces résultats ne sont pas un simple rebond post-conflit, mais la preuve d’un renforcement structurel profond d’une économie déjà robuste, portée par l’innovation, le capital humain et une capacité d’adaptation exceptionnelle.

Israël avance ainsi sur une ligne de crête singulière : entre foi, mémoire historique, défis sécuritaires et réussite économique. Un pays souvent décrit comme vivant dans « le calme avant la tempête », mais dont l’histoire montre qu’il ne cesse de se relever, contre toute logique, porté par une identité, une résilience et une destinée qui continuent de défier les pronostics.