Les chiffres et les prévisions sont clairs : le changement climatique n’est plus une abstraction mais une réalité qui frappe déjà la santé publique en Israël. Canicules répétées, incendies de grande ampleur, sécheresses, inondations – autant de phénomènes extrêmes qui mettent en péril non seulement l’environnement, mais aussi la sécurité sanitaire de la population. Conscient de la vulnérabilité particulière du pays, situé dans l’une des régions les plus exposées au réchauffement planétaire, le ministère de la Santé a dévoilé une stratégie nationale d’adaptation.
Cette feuille de route, élaborée en coopération avec le monde universitaire, des ministères partenaires et la société civile, s’articule autour de sept axes majeurs : réduction de l’empreinte carbone du système de santé, préparation aux catastrophes climatiques, sécurité alimentaire, formation spécifique des professionnels, suivi scientifique, détection des populations à risque et campagnes de sensibilisation.
Chaque hôpital, chaque caisse de santé devra désormais désigner un « responsable climat » chargé d’intégrer ces mesures au quotidien. Ces coordinateurs recevront une formation en leadership environnemental, dispensée en partenariat avec l’université Ben-Gourion et le Centre Heschel pour la durabilité. Objectif : transformer un système souvent vu comme passif en acteur proactif de la lutte contre les dérèglements climatiques.
Le ministère souligne un point crucial : le secteur de la santé dans le monde est responsable d’environ 5 % des émissions mondiales de carbone. Israël, avec un système hospitalier en expansion constante, n’échappe pas à cette réalité. Réduire la consommation énergétique des établissements et investir dans des infrastructures « vertes » devient donc un impératif, non seulement écologique mais aussi stratégique.
Les risques sanitaires liés au climat sont déjà visibles. Les vagues de chaleur saturent les services d’urgence, notamment avec des cas de déshydratation et d’insuffisance cardiaque chez les personnes âgées. Les incendies aggravent les maladies respiratoires. Les périodes de sécheresse, en fragilisant les récoltes, menacent la qualité nutritionnelle et la sécurité alimentaire. Les inondations, elles, favorisent la propagation de maladies infectieuses.
La vulnérabilité n’est pas répartie de manière égale. Les populations fragiles – personnes âgées, enfants, malades chroniques – sont en première ligne. De même, les habitants des zones périphériques, parfois éloignés des grands centres hospitaliers, courent un risque accru. C’est pourquoi la stratégie prévoit un volet spécifique d’accessibilité et d’équité sanitaire.
Le lancement officiel de ce plan d’action aura lieu en octobre prochain, lors d’un événement à la résidence présidentielle. Un symbole fort : la santé publique et la lutte climatique ne sont plus dissociées mais pensées comme deux fronts d’un même combat.
Israël, pays qui a fait de l’innovation sa marque de fabrique, a ici l’opportunité de montrer que résilience sécuritaire et résilience environnementale vont de pair. La défense de la population ne passe pas seulement par les frontières et les armées, mais aussi par la capacité à protéger les citoyens contre des menaces invisibles, lentes et pourtant destructrices.






