Une étude inédite menée par Maccabi Services de Santé sur 12 années vient de révéler une réalité préoccupante : en 2024, un patient sur quatre reçu par un médecin de famille en Israël souffrait de dépression ou d’anxiété. Ce constat s’accompagne d’une hausse quasi constante du nombre de cas depuis plus d’une décennie, avec une accélération notable ces dernières années.
Entre 2013 et 2024, le nombre de patients de la Maccabi consultant pour dépression ou anxiété a presque doublé, passant de 146 000 à 284 000 personnes (+94 %), alors que la patientèle globale des médecins de famille n’a augmenté « que » de 50 %. Les visites médicales totales dans cette population ont bondi de 117 %, atteignant 3,5 millions de consultations en 2024, contre 1,6 million en 2013.
Les chercheurs notent que cette tendance est liée à plusieurs événements majeurs ayant marqué Israël :
- La réforme de la santé mentale en 2015, qui a intégré les soins psychologiques dans le panier des services de santé publique.
- La pandémie de COVID-19 en 2020, avec ses impacts sociaux et économiques.
- La guerre de “L’Épée de Fer” déclenchée en octobre 2023 et toujours en cours, générant un stress collectif intense.
L’étude révèle aussi que les patients souffrant de troubles anxieux ou dépressifs :
- consultent un médecin de famille 45 % plus souvent que les autres (14,2 visites par an contre 9,8) ;
- recourent davantage aux spécialistes non psychiatres (84,2 % contre 75,3 %) ;
- se rendent plus aux urgences (20,5 % contre 13,7 %) ;
- et sont hospitalisés plus fréquemment (5 % contre 1,8 %).
Sur le plan démographique, 64 % des patients concernés sont des femmes, contre un équilibre quasi parfait (52 % femmes, 48 % hommes) chez les autres patients.
La Dr Marina Mor Shalom, cheffe adjointe du département médical de Maccabi et initiatrice de l’étude, estime que ces chiffres prouvent l’efficacité partielle de la réforme de 2015, qui a levé la barrière entre soins physiques et soins psychologiques, mais souligne que « cela ne suffit pas ». Selon elle, la demande pour des prises en charge psychologiques a explosé, et il faut former plus de praticiens à des interventions brèves et accessibles, en particulier les médecins de famille qui sont « en première ligne ».
Elle rappelle que ces patients présentent aussi davantage de maladies chroniques et sont en moyenne plus âgés, ce qui nécessite une prise en charge intégrée du corps et de l’esprit. Elle recommande enfin de réorienter la formation des internes en médecine familiale pour inclure davantage d’expérience pratique dans les cliniques de santé mentale communautaires, et pas uniquement dans les services psychiatriques hospitaliers.
À l’heure où la société israélienne affronte simultanément les séquelles du COVID, un conflit armé prolongé et un climat d’incertitude, cette étude met en lumière l’urgence d’un renforcement massif des moyens en santé mentale, avec un accès rapide et adapté dès la médecine de première ligne.
Sources : Infos-Israel.News – Alerte Info 24/24, Alyaexpress-News, Rak Be Israël, Wikipédia – Santé mentale






