Scène d’une intensité rare ce matin au tribunal de Jérusalem : un père en deuil, dont le fils a été tué lors de la guerre contre le Hamas, a interpellé le Premier ministre Benjamin Netanyahou en pleine audience.
“Tu n’as pas protégé mon fils, tu as protégé ta carrière !”, a-t-il crié, sous les yeux médusés du public.
Un moment de vérité qui résonne dans un pays encore fracturé entre colère, loyauté et lassitude.
Un cri venu du cœur
L’incident s’est produit lors d’une audience liée à une plainte déposée par des familles endeuillées demandant une commission d’enquête indépendante sur la gestion de la guerre.
Netanyahou, présent pour une déposition préparatoire, a été interrompu par Avi Shmuel, père du sergent-major Noam Shmuel, tombé à Gaza en décembre 2023.
La voix tremblante mais déterminée, il s’est levé et a lancé :
“Tu as regardé les caméras, pas nos fils. Mon Noam n’est pas mort pour Israël, il est mort pour ton image.”
Dans la salle, plusieurs mères de soldats ont éclaté en sanglots. Le Premier ministre, visiblement ébranlé, a gardé le silence quelques secondes avant de répondre d’une voix contenue :
“Je respecte votre douleur, Monsieur Shmuel, mais votre fils est tombé en héros pour la sécurité d’Israël.”
Mais la réponse n’a fait qu’attiser la colère du père, qui a répliqué :
“Alors pourquoi des centaines de héros sont tombés sans plan, sans équipement, sans vérité ? Où étais-tu quand on criait à l’aveuglement au sud ?”
La sécurité a finalement escorté Avi Shmuel hors de la salle. Son image, poing levé et yeux pleins de rage, a envahi les réseaux sociaux israéliens en quelques minutesLe choc d’un pays fatigué
Depuis la fin du conflit de Gaza, le fossé entre les familles endeuillées et le gouvernement ne cesse de s’élargir.
Les associations comme HaChotfim (“Les Survivants”) réclament des explications sur les décisions militaires et la lenteur des secours le 7 octobre 2023.
“Nous n’avons jamais voulu faire de politique”, expliquent-elles, “mais le silence du gouvernement est devenu une insulte.”
De son côté, le bureau du Premier ministre insiste sur le contexte : “M. Netanyahou a assumé la responsabilité de la guerre et a agi dans l’intérêt de la nation. La douleur des familles est légitime, mais elle ne justifie pas la diffamation publique.”
Pourtant, la colère gagne du terrain. Selon un sondage publié hier par Channel 12, 62 % des Israéliens jugent que le gouvernement n’a pas tiré les leçons du 7 octobre, et 48 % estiment que Netanyahou aurait dû démissionner dès la fin des combats.
Une fracture morale
Ce nouvel éclat vient rappeler que la société israélienne traverse une crise morale sans précédent.
Les Israéliens sont fiers de Tsahal, mais de plus en plus nombreux à douter de la clarté politique de ses dirigeants.
Les vidéos des familles endeuillées s’accumulent, les manifestations devant la Knesset se multiplient, et même des vétérans décorés parlent d’un “abandon spirituel du pays”.
L’historien et ancien officier Eyal Berkovitch résume ainsi la situation :
“Nous sommes à un moment où la douleur se transforme en défiance. Le peuple ne remet pas en cause la guerre, mais la manière dont elle a été conduite.”
Pour lui, le cri du père Shmuel n’est pas une attaque personnelle contre Netanyahou — mais le symbole d’une génération qui refuse le mensonge d’État.
Le silence des ministres
Fait révélateur : aucun ministre du gouvernement n’a publiquement commenté l’incident.
Seul le ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré sobrement lors d’une réunion de Tsahal :
“La douleur des familles est sacrée. Il n’y a pas de mot pour la consoler, seulement l’engagement de ne plus jamais répéter les mêmes erreurs.”
Mais sur les réseaux sociaux, les partisans du Premier ministre dénoncent une “instrumentalisation émotionnelle” par les médias et l’opposition.
Un député du Likoud a même affirmé :
“Le Hamas sourit quand il voit nos familles se diviser. La guerre morale qu’il mène est plus dangereuse que les roquettes.”
Une image qui hante Israël
La photo d’Avi Shmuel quittant le tribunal, drapeau d’Israël à la main, est devenue virale.
Certains y voient un acte de courage civique, d’autres une humiliation publique infligée à un chef en pleine tempête judiciaire.
Mais pour la plupart des Israéliens, cette image incarne le fossé entre la douleur du peuple et la distance du pouvoir.
Dans une tribune du Jerusalem Post, la journaliste Yael Sheleg a écrit :
“Ce cri ne visait pas un homme, mais un système. Israël n’a pas besoin de héros morts, mais de dirigeants vivants capables d’assumer leurs fautes.”
Un pays qui cherche encore la vérité
La journée s’est terminée dans un silence lourd.
Les caméras ont suivi le père Shmuel jusqu’à la tombe de son fils, sur le mont Herzl.
Là, face aux drapeaux en berne, il a murmuré :
“Noam, je t’ai promis que je parlerais pour toi. Aujourd’hui, je l’ai fait.”
Un geste simple, mais chargé d’une puissance que la politique ne peut étouffer.
Car derrière chaque drame individuel, c’est la conscience nationale d’Israël qui s’interroge encore :
jusqu’où faut-il se taire au nom de l’unité, et quand faut-il enfin parler au nom de la vérité ?
Mots-clés : Benjamin Netanyahou, Israël Katz, guerre de Gaza, familles endeuillées, tribunal de Jérusalem, Tsahal, 7 octobre, responsabilité gouvernementale, Israël
Souhaites-tu que je t’enchaîne maintenant le nouvel article du jour (5 novembre) sur les 200 terroristes du Hamas interdits de retour à Gaza après l’accord de cessez-le-feu ?






