Un peu plus d’un an après les tragiques événements du 7 octobre 2023, les habitants du pourtour de Gaza transforment leur région en véritable centre de production d’alcool. Des projets novateurs voient le jour : production de tequila à partir d’agave bleue dans le kibboutz Alumim, création d’une industrie de whisky à Be’eri, et ambition de produire des vins renommés à l’international. Ces initiatives ne sont pas une manière d’échapper à la douleur, mais une façon pour les habitants de rester résilients et de construire un avenir différent malgré le lourd héritage de cette tragédie.
Une tequila « made in Israël »
En 2018, Avi Leitner, un entrepreneur américain installé en Israël, a initié un projet unique en son genre : cultiver de l’agave bleue dans le désert du Néguev pour produire de la tequila. Ce projet a pris racine dans le kibboutz Alumim, situé à une trentaine de kilomètres de la frontière avec Gaza.
L’agave, une plante nécessitant beaucoup de soleil, peu d’eau et une terre sèche, s’est avérée idéale pour le climat du Néguev. Après avoir consulté des experts mexicains, Leitner a planté environ 350 dounams (35 hectares) d’agave en 2021, avec 100 dounams supplémentaires prévus pour 2025.
Cependant, ce spiritueux ne pourra pas porter le nom « tequila », qui est une appellation d’origine contrôlée réservée au Mexique. Les habitants envisagent des noms alternatifs comme ** »Distillat d’agave israélien »** ou ** »Distillat d’agave du Néguev »**. La première bouteille devrait être disponible d’ici l’hiver prochain.
Un whisky « de mémoire » à Be’eri
À Be’eri, un autre projet voit le jour : la production de whisky à partir d’orge cultivée localement. Ce projet, né de la collaboration entre le kibboutz et la distillerie israélienne **Milk & Honey**, a été initié par Haim Yellin, ancien député et résident du kibboutz.
En décembre 2023, malgré les traces encore visibles du conflit, 100 tonnes d’orge ont été semées dans les champs de Be’eri. Ces grains seront envoyés en Allemagne pour maltage, avant de revenir en Israël pour la production de whisky. Les premières bouteilles, prévues pour 2028, porteront le nom ** »Single Be’eri »** et seront dédiées à la mémoire des victimes du 7 octobre.
Le vin du désert : un projet ambitieux à Be’eri
Le vin n’est pas en reste. À Be’eri, Tom Carbone, un viticulteur formé en Italie, travaille à créer une industrie viticole locale. En 2023, il a produit un premier lot de 1 000 bouteilles à partir de raisins importés, vendu en seulement deux jours. Fort de ce succès, il prévoit de planter des vignes et de construire un chai dans le kibboutz, avec l’ambition d’exporter ses vins vers des communautés juives dans le monde entier.
Résilience et vision à long terme
Malgré les défis constants, les habitants du pourtour de Gaza ne se contentent pas de survivre : ils créent et innovent. Pour eux, ces projets d’alcool ne sont pas simplement des entreprises commerciales, mais aussi des symboles de résilience face à l’adversité.
« Le 7 octobre, nous avons reçu un fardeau à porter toute notre vie. Mais nous choisissons de continuer à avancer », déclare Haim Yellin.
Ces initiatives montrent que même au cœur des zones les plus touchées par la guerre, il est possible de transformer la douleur en espoir et en opportunités pour l’avenir.
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