Sur fond de critiques politiques persistantes envers l’État hébreu, l’Italie opère un mouvement surprenant : sa Caisse de Dépôts et Prêts (CDP), fonds d’investissement public détenu à 100 % par le ministère italien des Finances, a commencé à placer des capitaux importants dans des start-up israéliennes, en priorité dans les secteurs stratégiques de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique.
Selon les informations de Globes, le fonds gère 4,7 milliards d’euros (5,4 milliards de dollars) et prévoit d’injecter des dizaines de millions de dollars, voire davantage, dans des sociétés israéliennes à forte valeur ajoutée, avec un objectif clair : attirer ces entreprises pour développer des activités en Italie, afin de stimuler l’innovation locale.
Parmi les opérations déjà conclues, CDP a participé – aux côtés du japonais SoftBank – à un tour de financement évalué entre 20 et 30 millions de dollars pour Classiq, société israélienne pionnière des systèmes d’exploitation pour ordinateurs quantiques. L’investissement fait suite à une levée de fonds de mai dernier, qui avait valorisé l’entreprise à 400 millions de dollars. Les autorités italiennes espèrent que Classiq jouera un rôle moteur dans le développement du secteur quantique sur la péninsule.
Ce virage économique est mené par Hagai Badash, Israélo-Italien installé à Rome et ancien analyste et gestionnaire d’investissements dans plusieurs groupes financiers italiens.
Un contraste avec la ligne politique officielle
Cet engagement financier s’inscrit dans un contexte paradoxal :
- Depuis le 7 octobre, Rome a adopté un ton plus critique envers Israël, malgré la présence d’un gouvernement de droite mené par Giorgia Meloni, réputée proche de Benyamin Netanyahou.
- Dès cette date, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani avait annoncé la suspension des exportations d’armement vers Israël, une mesure confirmée par Meloni elle-même, en précisant que ces restrictions étaient « plus significatives que celles imposées par la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni ».
- Plusieurs régions italiennes, comme Pouilles ou Émilie-Romagne (Bologne, Parme, Modène), ont rompu leurs partenariats avec des institutions israéliennes, invoquant « la gravité des violences à Gaza » et la procédure ouverte contre Netanyahou à la Cour pénale internationale.
Pour autant, sur la question d’un État palestinien, Rome reste plus prudente que ses partenaires européens : Meloni estime qu’une reconnaissance anticipée « pourrait être inefficace », laissant entendre que l’Italie pourrait n’agir qu’une fois l’entité officiellement établie.
Un calcul stratégique ?
Malgré les tensions diplomatiques, l’Italie sait que les technologies israéliennes – notamment en IA et en quantique – représentent un atout majeur pour son économie et pour sa compétitivité en Europe. L’investissement via CDP apparaît comme un canal économique préservé des polémiques politiques, permettant de bénéficier de l’expertise israélienne tout en affichant, sur la scène publique, une ligne critique envers Jérusalem.
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