Michael Rapaport n’est pas seulement un acteur new-yorkais au franc-parler. Depuis deux ans, il est devenu l’une des voix juives les plus fortes, les plus visibles et les plus courageuses du monde anglophone. Dans un contexte de montée sans précédent de l’antisémitisme, en particulier depuis le 7 octobre, son engagement public a pris une dimension politique et presque identitaire. Ce dimanche, depuis Tel-Aviv, il a publié un message qui a fait le tour des réseaux sociaux : une photo de lui en train de mettre les téfilines, face à la mer, avec une légende qui résume l’état d’esprit d’un grand nombre de Juifs dans le monde.
« Pourquoi je publie tant de photos de moi mettant les téfilines ? », écrit-il. « Parce qu’en 2025, être juif ouvertement et avec fierté s’accompagne de critiques… de controverses… de bruit. Alors je le fais pour donner de la force, de la sécurité et du courage à chaque Juif qui en a besoin. »
Son message est clair : la pratique religieuse — même symbolique — n’est plus seulement un geste spirituel. Elle est devenue un acte d’affirmation face à la haine. « Nous ne nous cachons pas. Nous ne nous ratatinons pas. Nous nous tenons droits. Voilà pourquoi je poste cela. Voilà pourquoi je continuerai. Am Israël Haï. »
Michael Rapaport, connu pour ses rôles dans « True Romance », « Deep Blue Sea », « Prison Break », « Justified », « Friends » ou encore « Atypical », n’a jamais été du genre à mâcher ses mots. Mais depuis l’explosion des manifestations antisionistes en Occident — certaines explicitement pro-Hamas — il s’est imposé comme l’un des défenseurs les plus virulents d’Israël.
Il est venu plusieurs fois en Israël depuis le début de la guerre, a participé à des spectacles à Jérusalem et Tel-Aviv, a rencontré des familles d’otages, a dénoncé publiquement des stars hollywoodiennes passées dans le camp de l’anti-israélisme militant. Il a même reçu des menaces de mort.
Mais il ne s’est jamais arrêté.
Il n’est ni théologien, ni intellectuel, ni politicien. C’est justement ce qui lui donne cette force particulière : il parle comme un citoyen juif qui regarde sa communauté être ciblée, insultée, agressée, et qui refuse de baisser la tête. Son style nerveux, parfois provocateur, bouscule l’univers lisse d’Hollywood — un milieu où beaucoup préfèrent rester silencieux, par calcul ou par peur d’être ostracisés.
Son geste des téfilines prend dans ce contexte une dimension quasi politique. Pour les Juifs pratiquants, la mise des phylactères est un commandement religieux quotidien. Pour Rapaport, c’est aussi un statement, une manière de dire : « Je suis juif, je le montre, je ne m’excuse pas. »
Dans les semaines qui ont suivi le massacre du 7 octobre, Rapaport a publié des vidéos où il défendait l’armée israélienne, répondait directement aux militants pro-Hamas sur TikTok, dénonçait les mensonges circulant sur Gaza et ridiculisait les « célébrités éclairées » qui reprenaient des slogans extrêmes.
Lors de ses passages en Israël, il a déclaré : « Si je peux aider ne serait-ce qu’un seul Juif à se sentir moins seul, alors mon travail est fait. »
Rapaport a aussi attaqué frontalement des humoristes, musiciens ou acteurs qui se sont joints à la vague anti-israélienne : « Certains d’entre vous ont passé 20 ans à jouer aux défenseurs des minorités, mais quand les Juifs sont attaqués, vous disparaissez. »
Ce positionnement lui a valu des insultes, des menaces et une animosité croissante dans certains cercles progressistes américains. Mais il n’a jamais reculé.
Son message de ce dimanche s’inscrit aussi dans un phénomène plus large : de Vancouver à Paris, de Melbourne à Londres, des milliers de Juifs publient des photos d’eux mettant les téfilines, se drapant dans un talit ou se tenant devant une menorah. Non pas pour se montrer — mais pour dire qu’ils ne céderont pas.
Le post viral de Rapaport intervient également quelques jours après que plusieurs manifestations pro-Hamas à New York et Los Angeles ont scandé des slogans comme « Death to the IDF » et « Globalize the intifada », souvent à quelques mètres de synagogues.
Pour un acteur hollywoodien, s’afficher publiquement avec des téfilines dans ce climat n’est pas anodin : c’est une rupture avec la norme du silence.
Le message fait déjà réagir : certains le remercient, d’autres l’accusent de « politiser la religion ». Mais pour Rapaport, la question n’est plus religieuse : elle est existentielle. Quand des Juifs se font attaquer dans la rue parce qu’ils portent une kippa, mettre les téfilines devient un geste de résistance.
Les commentateurs israéliens voient en lui une figure inattendue de la hasbara moderne : brut, émotionnel, imparfait, mais profondément connecté au vécu des Juifs du monde entier. Là où les diplomates pèsent leurs mots, Rapaport parle avec les tripes — et c’est précisément ce qui touche un public que les discours traditionnels ne convainquent plus.
Dans un monde où certains cherchent à intimider les Juifs au silence, Rapaport dit exactement le contraire : tenez-vous debout, montrez-vous, soyez fiers.
Et dans une époque où il est devenu presque risqué d’être un Juif visible dans une grande ville occidentale, cette visibilité — ce simple geste de mettre des téfilines face à la mer — devient un acte politique, spirituel et identitaire.






