Le magazine touristique américain « Fodor’s » a publié sa liste annuelle des destinations à éviter pour l’année 2026 — la « No List ». Les rédacteurs précisent qu’il ne s’agit pas d’un appel au boycott, mais d’un avertissement destiné à protéger des régions fragiles, déjà écrasées par une surfréquentation touristique.
(Source d’origine : https://www.fodors.com/news/news/fodors-no-list-2026)
Le guide note que certaines destinations, très surveillées les années précédentes comme Venise ou Barcelone, ne figurent plus sur la liste — non pas parce que les problèmes ont disparu, mais parce que d’autres régions subissent désormais une pression encore plus inquiétante. Le message du magazine est clair : offrir un répit temporaire à des territoires saturés avant qu’il ne soit trop tard.
En Antarctique, les experts signalent une explosion du tourisme : près de 120 000 visiteurs en 2023–2024, un chiffre susceptible de doubler d’ici 2033. L’absence de régulation stricte, notamment face aux bateaux privés non soumis aux règles environnementales, menace l’un des écosystèmes les plus sensibles au monde. L’IAATO, organisme volontaire, tente d’encadrer les comportements, mais sans pouvoir limiter formellement les arrivées.
Même constat dans les îles Canaries, où un raz-de-marée touristique — plus de 7,8 millions de visiteurs au premier semestre 2025 — a déclenché des manifestations massives sous le slogan « Les Canaries ont une limite ». Le tourisme de masse provoque hausse des loyers, pénurie de logements pour les résidents, tensions sur les ressources en eau et dégradation des milieux naturels. Les autorités tentent d’imposer des réglementations sur les locations de courte durée, mais leur impact reste minime.
Aux États-Unis, le parc national de Glacier, dans le Montana, subit un phénomène de « tourisme de dernière chance ». Sur les 150 glaciers recensés autrefois, seuls 27 subsistent — et pourraient disparaître d’ici 2030. Les flux massifs de touristes saturent les routes, accélèrent l’érosion des sentiers, poussent à la fermeture de zones entières à cause des incendies et perturbent la faune locale.
En Italie, le projet titanesque de port de croisière sur l’îlot d’Isola Sacra, à l’embouchure du Tibre, ravive l’opposition des habitants. Le chantier menace dunes, marais et flore rare. Les rapports officiels pointent un manque de transparence dans les évaluations environnementales. Les riverains craignent non seulement la destruction de leur paysage, mais aussi un trafic nouveau d’autocars et de touristes en route vers Rome.
En Suisse, la région de Jungfrau, véritable carte postale alpine, atteint elle aussi ses limites. Le téléphérique Eiger Express attire des foules records, détruisant les sentiers fragiles et saturant les vallées comme Lauterbrunnen, devenue virale sur les réseaux sociaux. Les glaciers, dont l’Aletsch, fondent à un rythme alarmant. Les habitants signalent que les visiteurs restent moins longtemps, dépensent moins et favorisent les locations Airbnb, au détriment des commerces locaux.
À Mexico, la ville connaît une crise sociale profonde liée à la « gentrification internationale ». L’explosion des locations Airbnb, combinée à l’arrivée massive de travailleurs nord-américains en télé-travail, fait bondir les prix de l’immobilier et change l’identité de quartiers entiers comme Condesa ou Roma. Des manifestations ont éclaté le 4 juillet 2025 sous le slogan « Mexico pour les Mexicains ». Les autorités prévoient de limiter les locations à 180 jours par an, mais pas avant la Coupe du monde 2026.
Au Kenya, Mombasa croule sous les effets du tourisme massif : pollution marine, effondrement des systèmes d’égouts, destruction des mangroves et saturation des plages. Les sites historiques comme Fort Jesus sont envahis quotidiennement. Les biologistes marins mettent en garde contre une disparition rapide de la biodiversité si aucune mesure d’urgence n’est appliquée.
Enfin, Montmartre, à Paris, est victime de son propre succès : plus de 11 millions de visiteurs par an à la Basilique du Sacré-Cœur — davantage qu’à la Tour Eiffel. Les rues étroites, les boutiques touristiques et la hausse extrême des loyers chassent progressivement les habitants. La transformation de la butte en zone piétonne entraîne aussi des travaux incessants, qui aggravent le malaise des résidents. Les experts redoutent que Montmartre ne devienne bientôt qu’un décor vidé de sa population.
Cette liste reflète un phénomène global : l’hyper-tourisme, qui menace non seulement les lieux concernés mais aussi la qualité de l’expérience pour les visiteurs eux-mêmes. Pour Israël, pays confronté lui aussi à des enjeux écologiques et sécuritaires liés au tourisme, ces constats rappellent l’importance de politiques prévoyantes et d’un contrôle strict des flux — afin d’éviter que des sites précieux ne subissent le même destin.






