La compagnie aérienne grecque à capitaux israéliens Blue Bird Airways a dévoilé son programme de vols pour l’hiver 2025/26, suscitant un vif intérêt auprès du public israélien. Avec des vols directs quotidiens au départ de Tel-Aviv vers des villes européennes prisées comme Berlin, Barcelone, Budapest, Athènes, Vienne, Rome et Sofia, la société entend renforcer sa position sur le marché local.
Les prix annoncés, allant de 200 € pour Athènes à environ 400 € pour Barcelone aller-retour, paraissent attractifs. Selon les données publiées par Ynet et confirmées par Globes, ces tarifs se situent en dessous de la moyenne des grandes compagnies européennes concurrentes, tout en proposant une desserte depuis le terminal 3 de Ben Gourion avec des Boeing 737-800.
Mais ces offres cachent une réalité moins séduisante : Blue Bird applique des frais supplémentaires pour presque tous les services, de la sélection des sièges (12 €) au bagage cabine (19 €) et jusqu’à 42 € pour une valise en soute – des montants facturés à l’aller comme au retour. Ces « extras » transforment rapidement un billet à bas prix en un voyage au coût similaire à celui de compagnies plus réputées, voire supérieur.
La stratégie de Blue Bird s’inscrit dans le modèle dit low cost élargi, analysé par Calcalist, où le billet de base sert d’appel mais où chaque élément du voyage est facturé séparément. Cette politique correspond à une demande réelle en Israël : près de 5 millions de passagers ont pris des vols à bas prix en 2024, et la tendance continue d’augmenter, selon l’Autorité aéroportuaire.
Blue Bird, quatrième compagnie la plus active à Ben Gourion cet été, se positionne ainsi comme la première compagnie étrangère en Israël, dépassant même des acteurs établis comme Aegean ou Turkish Airlines. Mais derrière ce succès commercial, certains voyageurs expriment leur frustration. Sur les réseaux sociaux, plusieurs clients affirment avoir payé plus de 150 € supplémentaires pour des services basiques, ce qui relativise l’attrait des prix annoncés. De son côté, la direction de la compagnie affirme que « la transparence est totale » et que ces frais sont clairement indiqués lors de la réservation en ligne. Dans un marché israélien très concurrentiel, où les voyageurs comparent systématiquement, l’argument du prix reste toutefois un levier puissant.
Au-delà de l’aspect financier, la montée en puissance de Blue Bird illustre l’évolution du transport aérien israélien après la pandémie et la guerre de Gaza. Avec l’effondrement de certaines lignes régionales et les difficultés rencontrées par El Al, la compagnie israélienne historique, de nouveaux acteurs occupent le terrain. Pour Maariv, cette dynamique traduit « un changement structurel : l’avion devient un bus aérien reliant Israël à l’Europe », un phénomène qui démocratise les voyages mais interroge sur la qualité du service et l’impact environnemental.
La multiplication des destinations courtes et abordables favorise le tourisme de masse, mais fragilise aussi les marges des compagnies et accentue la dépendance du public à des offres temporaires. Dans ce contexte, Blue Bird joue un rôle de pionnier en combinant capital israélien et implantation européenne, une formule qui lui permet de contourner certaines contraintes réglementaires et de séduire à la fois le marché israélien et les touristes européens. Reste à savoir si son modèle pourra durer face aux critiques récurrentes sur les coûts cachés et la satisfaction client. Pour l’heure, les Israéliens désireux de passer l’hiver à Athènes, Rome ou Barcelone voient dans Blue Bird une opportunité, quitte à accepter que le vrai prix du billet ne s’arrête pas à la somme affichée en gros caractères.
Sources : Ynet (14.09.2025), Globes (14.09.2025), Calcalist (14.09.2025), Maariv (14.09.2025), RakBeIsrael.buzz






