C’est un tournant majeur pour le marché israélien du transport urbain. Le ministère des Transports a confirmé ce mardi que la ministre Miri Regev soutenait officiellement l’arrivée d’Uber en Israël, ouvrant la voie à un bouleversement profond du secteur des taxis, déjà sous tension face aux réformes tarifaires en cours.

Une décision à fort impact

Après plusieurs tentatives avortées — la dernière en 2023, stoppée net par la réglementation locale et la taille réduite du marché —, Uber obtient enfin le feu vert pour opérer. Le modèle de l’application, basé sur la mise en relation directe entre chauffeurs et passagers, devrait introduire une concurrence inédite face aux compagnies de taxis traditionnelles et aux plateformes locales.

Cette décision intervient alors que le ministère des Transports vient de proposer une révision des tarifs des courses spéciales, suscitant une vive opposition de la part des syndicats de taxis et du Forum des indépendants et freelances affilié à la Histadrout. Pour les professionnels, l’arrivée d’Uber ne fait qu’aggraver la situation : « Nous contestons déjà des grilles tarifaires irréalistes, et voilà maintenant qu’un géant américain s’apprête à balayer ce qui nous reste de stabilité », dénoncent-ils dans une lettre adressée au gouvernement.

Une concurrence qui change la donne

Uber apporte un atout majeur : la souplesse d’un service numérique qui a déjà conquis les grandes métropoles mondiales. Commande instantanée, suivi GPS, transparence des prix et paiements dématérialisés séduisent une clientèle de plus en plus connectée. Pour les usagers israéliens, cela signifie potentiellement des prix plus compétitifs, une disponibilité accrue et une expérience fluide, y compris à des points stratégiques comme l’aéroport Ben Gourion.

Mais pour les chauffeurs de taxi, l’arrivée d’Uber est perçue comme une menace existentielle. En Europe et aux États-Unis, l’entreprise a souvent été accusée de « cannibaliser » le marché, poussant des milliers de professionnels à manifester. Israël pourrait bientôt connaître le même type de contestation.

Un retour sous conditions

Le gouvernement promet toutefois que l’activité d’Uber sera encadrée afin d’éviter une « jungle » tarifaire. Les autorités insistent : pas question de légaliser une économie parallèle. Uber devra s’adapter aux règles israéliennes, notamment sur l’assurance, la fiscalité et la sécurité des passagers. La ministre Miri Regev affirme vouloir « moderniser » le secteur, mais « sans abandonner les travailleurs israéliens ».

Une équation encore incertaine

Reste à savoir si Uber réussira à s’implanter durablement cette fois-ci. Les critiques sur ses pratiques sociales, son modèle de sous-traitance et ses conflits avec les chauffeurs n’ont pas disparu. Mais sa capacité à séduire les usagers pourrait lui donner une longueur d’avance, à l’heure où la mobilité urbaine israélienne cherche des solutions rapides, accessibles et flexibles.

Dans ce contexte, l’arrivée d’Uber ressemble à un coup de tonnerre : promesse de modernité pour les uns, menace pour les autres, elle oblige le secteur des taxis israéliens à se réinventer. Une chose est sûre : le visage du transport urbain en Israël ne sera plus jamais le même.