Un Israélien d’une trentaine d’années a été interpellé par la police italienne à l’aéroport de Rome, lors d’un contrôle de passeport de routine. Selon les autorités locales, un mandat d’arrêt international d’Interpol avait été émis contre lui à la demande des services d’enquête allemands. L’homme est soupçonné d’être impliqué dans une fraude massive liée au forex et aux cryptomonnaies, pour un préjudice évalué à environ 50 millions d’euros, touchant principalement des citoyens allemands — et peut-être des victimes dans d’autres pays européens.
L’arrestation a eu lieu alors que le suspect s’apprêtait à partir en vacances combinées à un rendez-vous d’affaires. “Il a été extrêmement surpris au moment de son interpellation”, confie une source proche du dossier. Cette réaction, typique des dossiers de criminalité financière transnationale, illustre la confiance que certains dirigeants de plateformes d’investissement avaient en leur capacité à circuler librement malgré les soupçons pesant sur eux.
Selon les informations obtenues par mako, l’homme travaille pour une grande société israélienne dont le siège opérationnel est installé à Chypre, un hub connu en Europe pour accueillir de nombreuses entreprises spécialisées dans le trading en ligne. La société opère sur plusieurs marchés d’Europe occidentale, notamment l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Les enquêteurs estiment que l’arrestation pourrait marquer le début d’une série d’interpellations visant d’autres cadres et employés soupçonnés d’avoir participé au dispositif frauduleux.
Un dossier explosif susceptible d’entraîner des poursuites en chaîne
Les autorités allemandes, qui traquent depuis plusieurs années les réseaux d’escroqueries financières ciblant leurs ressortissants, considèrent ce dossier comme l’un des plus importants dans le secteur du forex et du trading en cryptomonnaies. Les pertes cumulées, estimées à environ 50 millions d’euros, indiquent une opération organisée, structurée, et susceptible d’impliquer plusieurs juridictions.
Ce type de fraude, souvent présenté sous couvert de promesses de rendements rapides, repose sur un mécanisme bien rodé : plateformes d’investissement opaques, échanges téléphoniques agressifs, fausses démonstrations de gains, puis disparition progressive des fonds. L’implication présumée d’employés d’une société de dimension internationale pourrait amplifier encore l’ampleur judiciaire du dossier.
Une première décision en Italie : assignation à résidence en attendant l’extradition
Après son arrestation, le suspect a été présenté samedi dernier devant un tribunal de Rome. Ses avocats, Shagiv et Nir Rottenberg, spécialistes du droit international et de l’extradition — un domaine dans lequel ils revendiquent une longue expérience — ont obtenu sa libération en résidence surveillée, en attendant l’audience qui statuera sur sa remise à l’Allemagne.
Jusqu’à cette audience, il lui est strictement interdit de quitter le territoire italien. Ce régime de semi-liberté, relativement courant dans les procédures d’extradition européennes, laisse présager une bataille juridique serrée entre la défense et les représentants des autorités allemandes. Mais les enquêtes internationales sur les fraudes au forex et au trading algorithmique se sont multipliées ces dernières années, et les rapprochements judiciaires entre l’Italie, l’Allemagne et Israël se renforcent.
Un dossier qui illustre une fois de plus la pression européenne sur les fraudes numériques
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large : les autorités européennes multiplient les actions contre les réseaux de trading frauduleux souvent opérés depuis l’étranger. Si l’enquête allemande vise à obtenir la remise du suspect, son arrestation en Italie rappelle que les mandats d’Interpol sont désormais appliqués avec une efficacité accrue.
Pour Israël, cette affaire pourrait relancer le débat sur la régulation des plateformes financières opérant depuis l’étranger mais employant du personnel israélien. Pour l’Allemagne, elle constitue une étape importante dans la traque des réseaux qui ciblent spécifiquement ses citoyens.
Reste à savoir si cette arrestation déclenchera une série de perquisitions et de nouvelles interpellations au sein de la société chypriote au cœur des soupçons — une possibilité que les enquêteurs européens jugent déjà crédible.






