À une époque où les gros titres de l’actualité israélienne sont dominés par les conflits et les pertes, ce sont les moments de gentillesse quotidienne qui révèlent le véritable caractère de la nation. Récemment, lors d’un long voyage en bus à travers Jérusalem , j’ai été témoin de quelque chose de remarquable dans sa banalité : les fils subtils de compassion qui tissent la société israélienne.
Le bus s’est mis à avancer et j’ai attrapé le poteau, essayant de garder ma dignité tout en gardant mon téléphone connecté. C’est à ce moment-là que j’ai entendu : « Voulez-vous utiliser ma batterie externe ? » Je me suis retournée pour voir un jeune homme, probablement âgé d’une vingtaine d’années, en train de sortir une de son sac à dos. La gentillesse dans ses yeux m’a pris au dépourvu.
À ce moment-là, il ne s’agissait pas seulement de la batterie externe. Après des mois de gros titres remplis de tragédies, après avoir vu ce pays endurer une souffrance inimaginable, ce simple geste – ce petit fil conducteur de connexion humaine – m’a semblé monumental. C’était le véritable Israël, me suis-je dit, pas celui dont on parle dans les reportages, mais celui où les étrangers tendent instinctivement la main pour aider, même de la manière la plus infime.
« oui », parvins-je à dire, la gorge serrée de façon inattendue. Il sourit, me tendit la batterie externe et se remit à naviguer sur son téléphone, comme si prêter son chargeur à un inconnu était la chose la plus naturelle du monde. Peut-être qu’à Jérusalem, c’est le cas.
Le bus suivant était bondé et se faufilait dans les virages serrés de Jérusalem. Une femme âgée monta à l’avant, tenant ses sacs de courses, alors qu’elle essayait de se frayer un chemin dans l’allée bondée.
Un homme, manifestement Haredi, était déjà là. Sans un mot, il prit doucement ses sacs, créant de l’espace dans la foule avec une autorité tranquille. Je l’ai regardé la guider vers un siège, s’assurant qu’elle était installée avant de placer soigneusement ses sacs à portée de main.
Ce qui m’a frappé, ce n’est pas seulement l’aide apportée, c’est aussi le fait que cela semblait naturel, qu’aucun des deux ne faisait d’histoires. Pas de gentillesse performative, pas d’attente de remerciements. Juste un Juif aidant un autre, comme si c’était aussi simple que de respirer.
Ces gestes n’ont pas été grandioses. Aucune vie n’a été sauvée, aucun article n’a fait la une des journaux. Pourtant, dans leur simplicité, ces actes de bonté mettent en lumière quelque chose de profond dans la société israélienne. Dans un pays où le traumatisme est encore récent et la douleur vive, où les familles attendent toujours le retour des otages et où les soldats se battent sur plusieurs fronts, l’instinct d’entraide reste intact.
Alors que je m’approchais du Kotel ce soir-là, ces petits actes de chesed (gentillesse) semblaient faire écho aux pierres anciennes elles-mêmes : même dans nos heures les plus sombres, la lumière de la compassion humaine continue de briller dans les bus bondés de Jérusalem, dans les rues animées et dans les espaces sacrés.
C’est l’histoire méconnue d’Israël – non seulement celle d’une nation qui survit, mais celle d’une nation qui préserve son humanité à travers d’innombrables actes quotidiens de bonté, chacun étant une petite rébellion contre l’indifférence.
Je suis tellement reconnaissante de vivre ici, aujourd’hui et tous les jours. Je suis tellement reconnaissante de faire partie de cette nation remarquable.
Gila Isaacson
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