L’histoire semble presque invraisemblable, mais elle a été confirmée par décision administrative : un responsable de maintenance, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) après un épisode de stress intense lié à des locaux souillés par des élèves, a vu son cas reconnu comme une “accident du travail” par la Sécurité sociale israélienne (Bituah Leumi).

Le contexte : un hall transformé en « porcherie »

Il y a un an, Shimon (nom d’emprunt), gestionnaire technique d’un centre culturel du centre du pays avec près de 40 ans d’expérience, s’était opposé à l’organisation d’un grand rassemblement scolaire par crainte de débordements. Ses réticences s’étaient avérées justifiées : à l’issue de la soirée, la salle était jonchée de détritus, de paille et de saletés, un spectacle décrit dans la plainte comme « sans précédent ».

Furieux et humilié, il aurait reproché aux responsables leur négligence, comparant la salle à une étable et exigeant un nettoyage immédiat. « Il a quitté les lieux en tremblant de colère », raconte le dossier.

Du stress à l’AVC

La nuit suivante, Shimon peine à trouver le sommeil, submergé par des pensées obsessionnelles. Le lendemain, découvrant que le nettoyage était superficiel, il s’effondre moralement. Selon la plainte, son état de stress persistant s’est rapidement transformé en malaise physique : nausées, vertiges, puis finalement un accident cérébral sévère diagnostiqué à l’hôpital Assaf Harofeh.

La bataille juridique

Dans un premier temps, la Sécurité sociale avait rejeté la demande de reconnaissance, estimant que l’AVC relevait d’un problème de santé personnel. Mais l’avocat d’Eliesher Feingersh (cabinet Markman-Tomshin & Co) a plaidé que le lien entre l’événement exceptionnel et la crise était direct. Après réexamen, le Bituah Leumi a cédé et reconnu l’AVC comme un accident du travail.

Shimon sera prochainement convoqué devant une commission médicale pour évaluer son taux d’invalidité et fixer le montant de sa pension.

Une jurisprudence sensible

Cette décision pourrait avoir des implications plus larges. Elle consacre l’idée que le stress professionnel extrême, même lié à une humiliation ou une colère ponctuelle, peut être considéré comme facteur déclencheur d’un accident médical grave. Les syndicats y voient une avancée, mais certains juristes s’inquiètent d’une ouverture qui pourrait multiplier les recours.

Enjeu de société

Dans une société israélienne où la pression professionnelle est forte, ce cas illustre une tendance croissante : la reconnaissance des risques psychosociaux comme éléments à part entière de la santé au travail. Il rappelle aussi, de manière tragique, que la gestion des conflits et du stress en milieu professionnel n’est pas seulement une question de discipline, mais peut littéralement mettre en jeu la vie des employés.