Ce qui devait être une simple file d’attente à la police des frontières s’est transformé en scène d’intimidation violente. À l’aéroport de Batoumi, en Géorgie, une Israélienne s’est retrouvée confrontée à trois voyageurs arabes-israéliens du nord du pays qui, selon son témoignage, ont contourné la file pour accéder directement au guichet. Une attitude qui a déclenché un incident tendu, révélateur de la dégradation du climat social depuis le 7 octobre.
« Je leur ai juste dit d’attendre comme tout le monde », raconte A., encore secouée. Elle observe les trois hommes passer devant des dizaines de voyageurs patientant dans le calme. Elle leur fait remarquer qu’ils doivent rejoindre la file. Mais loin de revenir sur leurs pas, les trois individus réagissent avec agressivité.
Selon son témoignage, les insultes et les menaces fusent immédiatement : « Ils m’ont dit : ‘Dommage que le Hamas ne t’ait pas finie le 7 octobre’ ».
Pour A., le choc est immense. Refuser la fraude à la queue est devenu un motif de haine. « Ils m’ont menacée juste parce que je leur ai demandé d’attendre leur tour », explique-t-elle. « Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi violent. »
Choquée mais déterminée à ne pas se taire, elle prévient les policiers géorgiens présents dans le hall. Les forces de l’ordre réagissent rapidement : les trois voyageurs sont localisés, escortés vers une salle d’interrogatoire et maintenus plusieurs heures.
Selon des sources au sein de l’aéroport, les enquêteurs locaux leur ont expliqué avec fermeté que les menaces à caractère violent – en particulier dans un aéroport international – étaient inacceptables et constituaient un motif d’expulsion ou de poursuites. Les trois hommes ont finalement été relâchés après un avertissement sévère, sans autre mesure administrative.
A. estime pourtant que cette réaction a servi de leçon indispensable : « Ils se comportaient comme si tout leur était permis. Les policiers ont été impeccables : ils les ont arrêtés tout de suite. Ils leur ont fait comprendre que chez eux, ce genre de comportement ne passe pas. »
Cet incident intervient dans un contexte régional où les tensions liées au 7 octobre demeurent palpables, y compris à l’étranger. Pour de nombreux voyageurs israéliens, les aéroports sont devenus des lieux où les identités, les peurs et les violences verbales ressurgissent au moindre accrochage. À Batoumi, cette fois-ci, l’intervention rapide des forces locales a permis d’éviter une escalade.
Reste une réalité troublante : la facilité avec laquelle certains citoyens israéliens, profitant d’un simple incident dans une file d’attente, n’hésitent pas à utiliser la rhétorique meurtrière du Hamas pour intimider une compatriote. Une dérive qui interpelle et souligne l’urgence de restaurer un minimum de respect civique, en Israël comme dans les espaces partagés à l’étranger.
Pour A., une certitude demeure : « Je suis contente d’avoir parlé. Se taire, c’est laisser cette violence gagner. »






