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Si vous m’aviez dit il y a quatre mois que le tube le plus viral d’Israël serait une chanson proclamant à plusieurs reprises l’amour et la miséricorde de Dieu, j’aurais remis en question votre compréhension du paysage culturel de notre nation. Et pourtant, nous voici avec une chanson pop résolument religieuse qui domine les playlists d’Herzliya à Haïfa.

L’attrait de la chanson se situe quelque part entre le paradoxe et la prophétie. Ses paroles pourraient être tirées directement d’un sidour (livre de prières) et parler de la providence divine, de la prière et du renouveau spirituel. Le genre de contenu qui reste généralement dans les limites des stations de radio religieuses et des couloirs des yeshiva.

Mais le 7 octobre a tout changé.

Au lendemain de ce Shabbat, alors qu’Israël est aux prises avec son traumatisme collectif le plus profond depuis des générations, le message simple de cette chanson – que les choses iront « de mieux en mieux et de mieux en mieux » – a percé la célèbre division rigide entre laïcs et religieux de notre société.

Promenez-vous dans le marché Carmel de Tel-Aviv et vous l’entendrez jouer aux côtés du mélange habituel de pop mizrahi et de rythmes méditerranéens. Parcourez les rues de Ramat Gan et vous verrez des adolescents laïcs chanter des versets sur l’amour paternel de Dieu. Même dans les espaces les plus militants et laïcs, le refrain de la chanson est devenu une sorte de mantra national.

Ce qui est le plus frappant, ce n’est pas seulement son attrait transversal, mais la façon dont il est adopté dans son intégralité. Les auditeurs laïcs ne créent pas leurs propres versions aseptisées ou ne font pas l’impasse sur les références religieuses. Au lieu de cela, ils trouvent leur propre sens dans son réconfort spirituel, qu’ils interprètent « Hashem » littéralement ou métaphoriquement.

Cela ne devrait peut-être pas nous surprendre. Dans les abris antiaériens et les bases militaires, dans les services hospitaliers et les centres de volontaires, les frontières traditionnelles entre Israël religieux et laïc sont de plus en plus floues. Lorsque les soldats récitent des Tehillim (Psaumes) avant les opérations, il est souvent impossible de distinguer ceux qui ont grandi à Bnei Brak de ceux qui sont originaires de Bat Yam.

La promesse répétée de « tov » (bien) de la chanson est devenue quelque chose de plus grand que ses origines religieuses : c’est une déclaration d’espoir face à l’obscurité, un acte musical de défi au désespoir. Alors que nous continuons à compter nos pertes, à attendre le retour de nos otages et à envoyer nos enfants au front, il y a quelque chose de puissant dans le fait de déclarer collectivement que des jours meilleurs nous attendent.

Pour ma part, en tant que Juive pratiquante, je regarde les supporters de football chanter à propos de Hachem et je suis remplie de joie.

Cette chanson me rappelle qu’en temps de crise nationale, les marqueurs que nous utilisons pour nous distinguer peuvent devenir les fils mêmes qui nous unissent. Que vous portiez une kippa, un chapeau noir ou pas de couvre-chef du tout, nous avons tous parfois besoin de croire que tout ira « de mieux en mieux ».

Et dans l’Israël d’aujourd’hui, c’est quelque chose qui mérite d’être chanté.

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