On les a vus à l’œuvre durant la guerre : flairant des explosifs, accompagnant les soldats dans les fouilles de maisons, ou encore participant à des missions spéciales en première ligne. Les « chiens d’Oketz », l’unité cynophile d’élite de Tsahal, ne sont pas seulement le meilleur ami du soldat israélien : ils sont devenus, par leur efficacité et leur courage, des combattants à part entière. Mais que se cache-t-il derrière leur entraînement ? À l’occasion de la Journée du chien, une plongée rare dans les étapes de leur formation, depuis leur arrivée à la base jusqu’au moment décisif de leur « mariage » avec leur maître.
Comme tout soldat, leur parcours commence par l’enrôlement. « La formation dure environ huit mois et comprend plusieurs phases : acclimatation, entraînements, préparation opérationnelle, puis attribution à un soldat », explique le lieutenant Z., commandant de la « Plougath Pissga », la compagnie vétérinaire et cynophile chargée de l’accueil et de la préparation initiale des chiens. Cette unité spécifique, composée de vétérinaires, d’assistants vétérinaires et de dresseurs, accompagne les chiens dans les premiers mois avant leur transfert aux équipes combattantes.
Les recrues à quatre pattes passent d’abord par une série de contrôles médicaux, suivis d’une période d’adaptation : elles doivent s’habituer au climat israélien, au matériel militaire spécifique et surtout aux ordres en hébreu. « Chaque chien apprend une nouvelle langue militaire », sourit le lieutenant. Leur quotidien ressemble alors à celui des jeunes recrues humaines : promenades matinales, soins, bilans vétérinaires, alimentation adaptée, puis initiation progressive au terrain opérationnel.
La formation prend ensuite un tournant plus exigeant. « Oketz a plusieurs spécialisations : détection d’explosifs, recherche d’armes, poursuite de suspects, localisation de disparus », détaille l’officier. Rapidement, les chiens sont orientés vers un « métier » précis, selon leurs aptitudes naturelles. Leur entraînement se fait alors en petits groupes spécialisés, afin de les préparer aux missions qu’ils exécuteront aux côtés de Tsahal dans Gaza, en Judée-Samarie ou le long des frontières.
En parallèle, les futurs dresseurs suivent un cursus intensif de quatre semaines, complété par un stage de plusieurs mois. « Nous recrutons des soldats très motivés, dotés de patience et d’un sens aigu des relations humaines et animales », souligne le commandant. Leur mission n’est pas seulement d’apprendre à dresser, mais aussi de savoir répondre à tous les besoins du chien : santé, physiothérapie, psychologie animale. « L’objectif est que le chien arrive à son soldat avec les meilleures bases possibles. »
Le point culminant du processus est le « tziuv », la cérémonie de mise en binôme. Chaque chien est attribué à un combattant d’Oketz, et la relation se construit immédiatement : à partir de ce moment, le soldat devient son unique responsable. Ensemble, ils poursuivront l’entraînement opérationnel avant d’être envoyés en mission réelle. Cette étape est si marquante qu’elle crée un lien indéfectible : « Il n’est pas rare que le soldat adopte son chien après leur libération commune », confie le lieutenant Z.
Si un chien est blessé ou doit changer de spécialité, il revient à la Plougath Pissga pour être soigné, rééduqué et éventuellement réaffecté. Et lorsqu’il termine son service militaire, l’unité s’assure qu’il rejoigne une famille d’accueil. « Nous voulons que leur loyauté et leur courage soient récompensés par une retraite digne », insiste l’officier.
Derrière cette rigueur militaire, se cache aussi une dimension affective. « Quand on rentre chaque soir à la base et qu’un chien nous attend, c’est une motivation incomparable », conclut le lieutenant Z. « Notre rôle est de poser les fondations de leur carrière opérationnelle, mais aussi de leur offrir les meilleures conditions possibles. Ce sont des combattants à part entière, et ils méritent le respect et l’attention que nous leur donnons. »
En Israël, où chaque opération militaire peut dépendre de quelques secondes et d’une alerte décisive, les chiens d’Oketz sont devenus bien plus qu’un symbole : ils incarnent la coopération entre l’homme et l’animal au service de la sécurité nationale. Une alliance qui, loin d’être anecdotique, sauve régulièrement des vies.






