Les voyageurs israéliens n’y croyaient plus : après deux ans d’interruptions répétées dues aux tensions régionales, le vol direct Tel-Aviv–New Delhi va enfin reprendre. Et surtout — dans une surprise rare pour le marché aérien — les tarifs annoncés par Air India sont parmi les plus attractifs vus depuis longtemps pour l’Asie. Dès le mois prochain, la compagnie nationale indienne revient à Ben Gourion avec quatre vols hebdomadaires et une série de correspondances vers les destinations les plus demandées du Moyen-Orient élargi : Goa, Mumbai, Katmandou, Bangkok et Phuket.
Source : https://www.ynet.co.il
Depuis la suspension des vols d’Air India le 7 octobre 2023, Israël était privé de toute liaison directe vers l’une des portes d’entrée majeures vers l’Asie. Deux tentatives de reprise avaient été amorcées en 2024 et 2025, mais à chaque fois, l’instabilité sécuritaire avait forcé la compagnie à suspendre ses opérations. Le retour, prévu initialement pour septembre dernier, avait de nouveau été reporté. Mais cette fois, la reprise semble définitive : les créneaux sont enregistrés, les avions affectés, et les prix publiés — créant un engouement immédiat.
La compagnie annonce une offre solide : quatre vols hebdomadaires jusqu’en avril 2026, opérés en Boeing 777. Ces appareils long-courriers disposeront d’une première classe, d’une classe affaires et d’une classe économique — une rareté dans le ciel israélien, où les vols long-courriers avec première classe sont devenus exceptionnels. À partir du printemps 2026, la cadence passera à cinq vols par semaine, cette fois en Boeing 787 Dreamliner, avec service affaires et économique.
Les horaires ont été publiés dans la presse indienne et israélienne :
— Départ Tel-Aviv → New Delhi à 11h40, arrivée à 20h50.
— Départ New Delhi → Tel-Aviv à 07h00, arrivée à 09h55.
Temps de vol estimé : environ 5h30.
Associée au vol direct vers Delhi, Air India propose désormais une série de correspondances à prix réduits vers des destinations historiquement très prisées par les touristes israéliens. Goa, Mumbai, Katmandou, Bangkok, Phuket… autant de lieux qui, depuis 2020, étaient devenus difficiles d’accès en raison de l’absence de liaison directe indienne et de l’arrêt des vols d’El Al vers l’Inde depuis cinq ans.
Les prix dévoilés ont surpris même les habitués du secteur :
— Tel-Aviv → New Delhi : à partir de 660 dollars (entre le 10 et le 24 janvier).
— Tel-Aviv → Mumbai (1 escale) : à partir de 446 dollars (du 4 au 24 février).
— Tel-Aviv → Goa (1 escale) : à partir de 565 dollars (mi-janvier).
— Tel-Aviv → Katmandou : dès 861 dollars (13–27 janvier).
— Tel-Aviv → Bangkok : dès 1 180 dollars ; Tel-Aviv → Phuket : dès 972 dollars.
Ces tarifs incluent une valise en soute jusqu’à 23 kg et un bagage cabine jusqu’à 7 kg, un point clé pour les voyageurs vers l’Asie, souvent chargés pour les longs séjours. La structure tarifaire se distingue également par une plus grande flexibilité que celles proposées récemment par d’autres compagnies.
Pour la Thaïlande, Air India devra toutefois affronter une concurrence plus féroce. Arkia, qui a inauguré en novembre son propre vol vers Bangkok, a déjà annoncé qu’elle ouvrirait également Phuket dès l’été prochain. Cette dynamique concurrentielle pourrait jouer en faveur des consommateurs, l’ouverture d’Air India venant briser une tendance à la hausse des prix.
Le retour du vol direct vers l’Inde est largement perçu comme un rééquilibrage du marché. Pendant près de deux ans, la majorité des voyageurs vers l’Extrême-Orient ont été contraints de passer par Istanbul, Dubai ou Doha, rallongeant considérablement les trajets et les coûts. En réactivant la route vers Delhi, Air India ramène une alternative indispensable, qui devrait à terme affecter les prix de tout le segment Asie.
Ce rétablissement intervient dans un contexte où les Israéliens cherchent à renouer avec les voyages longue distance. Après les lourds traumatismes de 2023 et les restrictions sécuritaires, le tourisme vers l’Extrême-Orient fait son grand retour, et les agences de voyages israéliennes confirment une hausse de la demande dès janvier. Les destinations comme Goa — haut lieu du tourisme israélien depuis les années 1990 — ou Katmandou — point de départ des treks himalayens — devraient enregistrer un regain notable.
De plus, les liens économiques et humains entre Israël et l’Inde connaissent une reprise importante. Les coopérations technologiques, la présence de travailleurs indiens supplémentaires en Israël et les partenariats sécuritaires renforcent le rôle stratégique de ce corridor aérien. La réouverture du vol régulier bilatéral est à la fois un geste commercial et un symbole diplomatique.
L’annonce d’Air India survient par ailleurs au moment où les compagnies du Golfe examinent elles aussi de nouveaux créneaux vers Tel-Aviv, cherchant à capter une part de la demande croissante pour l’Asie. Dans ce jeu régional complexe, la compagnie indienne joue une carte essentielle : elle combine les atouts d’un vol direct, des correspondances internes vastes et une politique tarifaire offensive.
Pour les agences israéliennes, l’impact se fait déjà sentir. Les comparateurs enregistrent une hausse immédiate des recherches pour Delhi, Goa et Bangkok. Le secteur hôtelier en Inde se prépare également à une saison forte, avec une demande israélienne anticipée sur février et mars, notamment pour la période des festivals locaux.
La reprise de ce vol, après une absence prolongée, marque un tournant pour les voyageurs israéliens. Pendant longtemps, les prix vers l’Asie avaient dérivé, atteignant des niveaux inaccessibles. La relance d’Air India, avec ses vols directs et ses correspondances à coûts réduits, pourrait bien rénormaliser un marché qui s’était emballé. Pour de nombreux Israéliens, ce signal ouvre la porte à un retour bienvenu vers les destinations du bout du monde.






