Une montée soudaine et préoccupante des attaques d’ours dans le nord du Japon a poussé cette semaine les États-Unis et le Royaume-Uni à publier des alertes de voyage officielles, recommandant aux touristes d’éviter certaines zones montagneuses, de marcher en groupe et de signaler immédiatement toute apparition d’ours aux autorités locales. Un phénomène inhabituel dans l’un des pays les plus sûrs au monde, mais qui s’est aggravé depuis le printemps, au point de provoquer une réaction diplomatique internationale.
Selon l’ambassade des États-Unis à Tokyo (source : https://jp.usembassy.gov), les rencontres dangereuses avec des ours ont « fortement augmenté » dans les préfectures du nord, notamment à Sapporo, sur l’île d’Hokkaido, très fréquentée en hiver par les touristes. L’avertissement indique que les observations se multiplient « jusque dans des zones proches des habitations », et que les autorités ferment désormais certains parcs ou sentiers immédiatement après un signalement. Le parc Maruyama, situé près du consulat américain, a ainsi été fermé deux semaines après la présence confirmée d’un ours dans le secteur.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a publié une mise en garde similaire (source : https://www.gov.uk/foreign-travel-advice/japan), soulignant l’augmentation des attaques mais aussi des incursions d’ours dans les zones résidentielles. Certaines observations ont eu lieu près d’écoles, de gares et de centres commerciaux, un phénomène que les autorités japonaises qualifient désormais de « préoccupant et en forte progression ».
Selon Reuters — l’agence de presse internationale qui suit le dossier depuis plusieurs mois (source : https://www.reuters.com/world/asia-pacific/japan-bear-attacks-rise-2025-11-17) — le Japon a enregistré plus de 100 blessés et 12 morts depuis avril dans des attaques d’ours, dont un tiers dans les préfectures d’Akita et d’Iwate. Des chiffres historiques pour le pays, où les incidents impliquant des animaux sauvages sont en temps normal extrêmement rares.
Les médias locaux rapportent que certains sites touristiques ont commencé à limiter la vente de billets, et qu’une compagnie de téléphérique a suspendu les billets « aller simple » pour éviter que des randonneurs ne se retrouvent piégés au sommet d’une montagne en cas d’attaque.
Le phénomène touche désormais des zones urbaines plus denses. Les caméras de surveillance ont filmé des ours s’approchant de routes nationales, de stations ferroviaires et même de quartiers d’habitation isolés. Des agriculteurs ont signalé des intrusions répétées dans les cultures, aggravant les tensions dans des régions déjà confrontées au vieillissement de leur population.
Face à la situation, le gouvernement japonais a pris une mesure exceptionnelle. D’après la chaîne publique NHK (source : https://www3.nhk.or.jp/nhkworld/en/news), des forces d’autodéfense ont été déployées dans la préfecture d’Akita pour aider les autorités locales : installation de pièges, assistance aux chasseurs, évacuation de carcasses pouvant attirer d’autres ours. La loi japonaise leur interdit d’utiliser des armes à feu contre les animaux, mais leur rôle logistique vise à faire face à ce que Tokyo désigne désormais comme un « état d’urgence environnemental ».
Les spécialistes avancent plusieurs raisons à cette explosion d’incidents. Les aléas climatiques ont réduit la disponibilité des glands et autres sources de nourriture essentielles aux ours, qui se rapprochent alors des zones habitées. La population rurale diminue rapidement, réduisant le nombre de chasseurs expérimentés capables de réguler les populations d’ours. Le ministère japonais de l’Environnement estime que plus de 54 000 ours vivent aujourd’hui au Japon — la population la plus élevée jamais recensée.
Dans l’alerte américaine, les voyageurs sont invités à s’inscrire au système STEP — la plateforme d’urgence du Département d’État américain — afin de recevoir des notifications immédiates en cas d’incident majeur (source : https://step.state.gov).
Les recommandations fournies s’appuient sur les directives du National Park Service américain, l’autorité mondiale en la matière (source : https://www.nps.gov/subjects/bears/safety.htm). Celle-ci rappelle que :
• face à un ours noir, il est conseillé de se réfugier si possible ou, en dernier recours, de se défendre à l’aide de tout objet disponible ;
• face à un ours brun, il faut au contraire se coucher au sol, immobile, sur le ventre, en protégeant sa nuque — une attitude souvent décisive pour éviter une attaque prolongée.
Malgré la multiplication des incidents, les États-Unis maintiennent pour l’instant le Japon au niveau d’alerte de voyage le plus bas, signe que les infrastructures de sécurité japonaises restent opérationnelles et que les risques peuvent être évités avec des précautions simples. Mais l’appel de Washington et de Londres illustre une réalité inquiétante : l’un des pays les plus sûrs au monde fait désormais face à un défi inédit, qui touche à la fois son tourisme, sa démographie rurale et son rapport historique à la nature.






