Lundi à Abou Dhabi, en présence de John Kerry, un accord préliminaire a été solennellement signé entre Israël, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis sur la mise en œuvre d’un nouveau projet commun – l’énergie solaire en échange d’eau dessalée. D’ici fin 2022, les groupes de travail doivent définir les spécificités financières et techniques du projet.
En vertu de l’accord, la société basée aux Émirats arabes unis construira une gigantesque centrale solaire de 600 mégawatts en Jordanie spécifiquement pour vendre de l’énergie propre à Israël. Israël, pour sa part, trouvera l’opportunité d’approvisionner la Jordanie en eau dessalée à hauteur de 200 millions de mètres cubes par an.
Aux termes du traité de paix, nous vendons à la Jordanie 55 millions de mètres cubes d’eau par an, un accord a été récemment signé pour doubler ce montant. Israël dispose désormais d’environ 1 500 mètres cubes d’eau douce et dessalée par an.
Beaucoup en Israël, cependant, doutent de la réalité des plans grandioses et prédisent le même triste sort pour le nouveau projet que celui qui est arrivé au précédent « projet du siècle » de transfert d’eau vers la mer Morte.
Le principal problème avec l’idée d’acheter de l’électricité solaire en Jordanie est qu’elle devra surmonter les mêmes difficultés qui empêchent Israël d’ augmenter considérablement sa propre production d’électricité « propre ». Le transfert de la production vers la Jordanie ne résout qu’un des problèmes – avec l’allocation des ressources foncières, mais c’est loin d’être le seul et clairement pas le principal obstacle au développement de l’énergie solaire en Israël. La construction de nouvelles lignes à haute tension dans des paysages désertiques vierges provoque la résistance des écologistes, le raccordement de nouvelles centrales solaires au réseau de distribution est fortement opposé par Hevrat Hashmal.
Aux termes de l’appel d’offres tenu fin 2020, le droit de se raccorder au réseau Hevrat Hashmal a été remporté par sept entreprises prêtes à fournir de l’électricité à un prix ne dépassant pas 17,45 agorot par kilowattheure (trois fois moins cher que ce que paient les consommateurs privés sur leurs factures) et en parallèle d’entreprendre d’équiper les stations de réservoirs de stockage permettant une alimentation plus homogène en électricité des réseaux de distribution. Leur capacité totale devrait être les mêmes 600 mégawatts qu’Israël a l’intention d’acheter à la Jordanie.
Des problèmes similaires se poseront avec le respect de la partie israélienne des obligations concernant la fourniture d’eau dessalée à la Jordanie. La capacité totale des usines de dessalement d’Israël est maintenant d’environ 547 millions de mètres cubes par an, et c’est encore à peine suffisant – jusqu’à la prochaine bande d’hivers secs. Pour vendre 200 millions de mètres cubes à la Jordanie, il faudra construire une nouvelle usine de dessalement dans le sud du pays, mais il n’y a pas encore de tels plans. De nouvelles installations de dessalement sont prévues dans le nord, dans la région de Nahariya, et les plans se heurtent à une vive opposition de la part des écologistes locaux.
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