La Direction des Antiquités d’Israël a inauguré ce mardi à Jérusalem le centre « Résurrection des cendres », consacré à un aspect méconnu mais crucial de la réponse nationale après le massacre du 7 octobre : le travail des archéologues mobilisés pour retrouver et identifier des restes humains dans les localités du sud dévastées par les terroristes du Hamas.

Quand l’archéologie devient une mission sacrée

Le Dr Yoav Arbel, archéologue de la Direction des Antiquités, raconte que l’appel est arrivé le 23 octobre, deux semaines après l’attaque. L’armée, confrontée à plus de cent disparus dont on ignorait s’ils avaient été enlevés ou tués, a sollicité l’aide de la profession. Les scènes de crime – maisons entièrement brûlées, températures extrêmes atteignant parfois 1 200 °C – rendaient impossible l’identification par les moyens habituels.

« Nous travaillons sur des sites de feux anciens. Notre expertise pouvait aider à retrouver des fragments osseux ou des objets personnels là où tout semblait réduit en cendres », explique Arbel.

Résultat : 16 disparus ont pu être identifiés grâce aux techniques spécialisées des archéologues, alors que leurs restes auraient pu disparaître à jamais avec les travaux de reconstruction.

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Une coopération inédite avec Tsahal et ZAKA

Avant l’arrivée des archéologues, les équipes de ZAKA, la Rabbanout militaire et l’unité cynophile Oketz avaient déjà récupéré les corps identifiables. Mais dans certaines pièces, notamment des abris sécurisés (mamad) visés par des incendies volontaires, il ne restait que des fragments d’os microscopiques. Chaque seau de débris a été tamisé, et même les cendres fines transmises à la Rabbanout pour inhumation.

Arbel souligne que l’identification finale est réalisée par les laboratoires spécialisés, mais que le travail de terrain exige de connaître la personne recherchée : profession, lunettes, antécédents dentaires, passions, autant d’indices permettant de reconstituer le puzzle.

Trois salles pour témoigner et combattre le négationnisme

Le centre inauguré à la Cité nationale d’archéologie de Jérusalem se divise en trois espaces :

  1. Salle du travail de terrain : présentation des outils utilisés, vidéos explicatives, objets personnels récupérés (jouets, œuvres d’art, hanoukiot) remis ensuite aux familles.
  2. Salle du témoignage visuel : images prises par drones en 3D de chaque maison incendiée, permettant une visite virtuelle immersive des scènes telles qu’elles étaient. Une archive cruciale face aux négationnistes du 7 octobre.
  3. Salle du soutien aux survivants : activités pédagogiques et interventions des archéologues dans les hôtels hébergeant les familles déplacées, pour offrir un moment d’évasion aux enfants et adultes traumatisés.

Un impact humain durable

Confrontés à des scènes d’horreur, les 30 archéologues mobilisés ont bénéficié d’un accompagnement psychologique pendant et après leur mission. « Pendant le travail, on reste concentré sur la méthode, comme sur un chantier archéologique classique », explique Arbel, « mais chacun réagit différemment après. Nous avions un encadrement, des groupes de parole, et la possibilité de soutien individuel. »

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