Le Festival du film de Venise a été éclaboussé par une polémique politique. Des centaines de professionnels du cinéma, réunis sous l’initiative Venice4Palestine, avaient exigé que la direction du festival empêche Gal Gadot et Gerard Butler de participer à l’événement, invoquant leur soutien à Israël ou leur silence sur la guerre de Gaza.
Le réalisateur juif-américain Julian Schnabel, dont le nouveau film In the Hand of Dante a été projeté en avant-première, a rejeté fermement ces pressions. « Il n’y a aucune raison de boycotter des artistes », a-t-il déclaré mercredi aux journalistes. « J’ai choisi ces acteurs pour leur talent, et ils ont fait un travail extraordinaire dans ce film. C’est tout ce qui compte. »
Un boycott culturel qui gagne du terrain
Depuis plusieurs mois, des campagnes de type BDS ciblent régulièrement les artistes israéliens ou associés à Israël dans les festivals internationaux. Gal Gadot, ambassadrice mondiale d’Israël et ex-soldate de Tsahal, cristallise particulièrement l’hostilité des réseaux pro-palestiniens. Mais cette fois, c’est le directeur du festival lui-même, Alberto Barbera, qui a tenu à mettre les choses au clair : « Le débat public est légitime, mais nous rejetons toute forme de boycott ou d’exclusion », a-t-il affirmé.
Gadot et Butler absents du tapis rouge
Si les deux vedettes n’ont pas foulé le tapis rouge vénitien — une absence prévue à l’avance — leur participation à l’œuvre reste entière. Ils partagent l’affiche avec Al Pacino, John Malkovich, Martin Scorsese, Jason Momoa et Oscar Isaac. Ce dernier incarne à la fois l’écrivain Nick Tosches et le poète Dante, dans un récit audacieux qui mêle histoire littéraire et introspection contemporaine.
Schnabel, un cinéaste au-dessus des pressions
Né à Brooklyn et élevé au Texas, Julian Schnabel s’est imposé comme l’une des figures majeures du cinéma d’art. Son œuvre est marquée par des films à forte dimension humaine et artistique : Before Night Falls sur l’écrivain cubain Reinaldo Arenas ; Le Scaphandre et le Papillon, qui lui valut un prix de la mise en scène à Cannes et un Golden Globe ; et At Eternity’s Gate, consacré à Van Gogh. Sa voix pèse donc lourd lorsqu’il affirme que « l’art doit rester libre de toute instrumentalisation politique ».
Une bataille symbolique
L’affaire de Venise illustre une fois de plus la tentative de certains milieux de transformer la culture en champ de bataille idéologique. Mais face aux appels à l’exclusion, des cinéastes et des organisateurs rappellent que la vocation du cinéma est de rassembler, pas de diviser.
Dans un climat où l’antisémitisme se pare de faux habits militants, la décision de Schnabel apparaît comme un rappel bienvenu : le talent ne se boycotte pas. Et en défendant Gal Gadot et Gerard Butler, le réalisateur affirme une vérité simple mais essentielle — au festival de Venise comme ailleurs, c’est le cinéma qui doit primer sur la propagande.






