En Inde, une épidémie a éclaté au sein de la pandémie de COVID-19 : ces derniers mois, le nombre de cas de mucormycose, une grave maladie chronique causée par des champignons de la famille Mukorov, a décuplé. La maladie provoque une nécrose du nez et du palais, des yeux, dans le pire des cas, elle peut affecter le cerveau et, si elle est négligée, entraîner la mort.
Selon le journal Le Figaro, ces dernières semaines l’épidémie de mucormycose se propage en Inde à un rythme alarmant, et notamment parmi ceux qui ont subi le COVID-19.
« J’avais l’habitude de voir jusqu’à dix patients atteints de cette maladie par an, mais depuis janvier 2021, plus de 150 sont passés par moi », explique Akshay Nair, un ophtalmologiste de Mumbai.
En Inde, le nombre de patients atteints de mucormycose a littéralement explosé depuis la dernière grande vague de la pandémie. Dans le passé, il y avait environ 20 patients par an dans le pays, mais au cours des trois derniers mois, il y a eu près de 60 000 cas de « champignon noir », comme on appelle cette maladie.
«Les gens viennent généralement avec un visage enflé, une infection du nez, un œil qui ne s’ouvre pas et une perte de vision dans cet œil. Et lorsque le champignon pénètre dans le cerveau, les gens perdent conscience. A ce stade, il est déjà difficile de sauver le patient », poursuit Akshay Nair.
Les experts disent que les champignons muqueux sont très répandus partout – dans le sol, dans les fruits et légumes, et ne causent généralement pas de problèmes. « Nous les contactons tous les jours, mais cela ne veut pas dire que tout le monde contracte une infection. Nous inhalons ce champignon et chez une personne en bonne santé, le système immunitaire le combat avec succès. Le corps se protège. Mais chez les personnes immunodéprimées, ce champignon provoque une infection. Il part du nez, puis pénètre dans les sinus, puis dans les yeux, et progresse jusqu’au cerveau », explique le médecin indien.
Le président de l’Association française des mycologues Jean-Pierre Gagno dit que ce champignon est présent dans les aliments, par exemple, dans le tofu, qui n’est autre que du soja, fermenté avec diverses moisissures, parmi lesquelles il y a du mucor. « Il n’y a pas lieu d’avoir peur d’eux. C’est un champignon que l’on rencontre tout le temps, mais parfois ce champignon se développe de façon spectaculaire et conduit à la maladie. »
Une autre circonstance contribuant à la propagation de la mucormycose en Inde est le grand nombre de personnes atteintes de diabète latent.En raison d’une mauvaise médecine, ce pays compte le plus grand nombre de diabétiques adultes au monde. Les gens vivent tout simplement sans connaître leur diabète, puisque personne ne les a examinés dans leur vie, ils n’ont jamais pris de médicaments. Dans 50% des cas de mucormycose qui en sont affectés, il s’agit de diabétiques.
Dans COVID-19, la situation est encore pire : les patients covid suppriment la réponse immunitaire avec des stéroïdes. Ceux dont le système immunitaire a déjà été affaibli (par exemple, le diabète) deviennent sans défense contre diverses infections, y compris les champignons. En conséquence, 85% des cas de champignons noirs sont des survivants du COVID.
Le médecin indien pointe une autre circonstance : le coronavirus entraîne des modifications du système respiratoire qui facilitent la pénétration des champignons muqueux.
En Europe, cette maladie est très rare et n’affecte que les patients à immunité réduite, par exemple ceux souffrant de leucémie. Les médecins européens craignaient une forte augmentation à la suite de la pandémie, mais cela ne s’est pas produit, grâce à un diagnostic plus précoce qu’en Inde. Les cas mortels (et ils représentent au moins 50 % en Europe) en Europe étaient principalement liés au système respiratoire, lorsque le champignon était détecté par les personnes hospitalisées en réanimation, et non aux infections du nez, des sinus et des yeux, comme dans Inde.
[signoff]