Le tourisme mondial se réinvente après des années de bouleversements, et l’étude Unpack’26 publiée par le géant Expedia dévoile les tendances de voyage pour l’année à venir. À la surprise générale, ce ne sont ni Paris, ni Dubaï, ni Tokyo qui dominent le classement, mais une poignée de lieux inattendus, marqués par la nature, la tranquillité et une approche plus durable du voyage. En tête de liste : Big Sky, une petite ville américaine de montagne, suivie par Okinawa au Japon et la Sardaigne en Italie. Trois destinations qui incarnent le nouveau visage du tourisme : plus responsable, plus authentique et plus humain.
Selon Expedia, les recherches de vols et d’hébergements vers Big Sky, dans l’État du Montana, ont bondi de 92 % ces derniers mois. Située aux abords du parc national de Yellowstone, cette station de montagne, connue jusqu’ici des seuls amateurs de ski, attire désormais un public plus large en quête d’air pur et de silence. Avec ses 3 500 habitants et ses paysages spectaculaires, Big Sky illustre la tendance du “slow travel”, cette philosophie du voyage lent qui prône la contemplation et la reconnexion à la nature. La plateforme américaine souligne aussi la qualité de ses infrastructures : vastes chalets en bois, hôtels écologiques, circuits de randonnée, et même des expériences d’observation de la faune encadrées par des naturalistes locaux.
En deuxième position, le Japon s’offre une parenthèse tropicale : Okinawa, archipel du sud-ouest du pays, voit les réservations exploser (+71 %). Loin de l’agitation de Tokyo, ses îles séduisent par leurs plages de sable blanc, leur culture singulière et la longévité exceptionnelle de leurs habitants. Okinawa fait partie des cinq “zones bleues” du monde, ces territoires où les centenaires sont les plus nombreux grâce à une alimentation saine, à une communauté soudée et à un mode de vie apaisé. Expedia note que “de plus en plus de voyageurs cherchent des lieux où l’on apprend à mieux vivre, pas seulement à se détendre”. Un tourisme du bien-être, où le dépaysement devient une leçon de vie.
La troisième place revient à la Sardaigne, joyau méditerranéen encore préservé de la surfréquentation. Ses falaises blanches, ses criques turquoise et ses villages aux traditions pastorales séduisent un public européen en quête d’authenticité. L’île italienne a connu une hausse de 63 % des recherches cette année, preuve que les voyageurs fuient désormais les grandes capitales touristiques au profit de territoires à taille humaine. “Les visiteurs veulent renouer avec le réel, sentir l’âme des lieux”, explique le rapport d’Expedia, qui met en avant la gastronomie sarde, les vignobles familiaux et la lenteur méditerranéenne comme arguments irrésistibles.
Derrière ce trio de tête se dessine un phénomène plus global : la revanche des destinations “oubliées”. Expedia observe un engouement croissant pour les régions rurales des États-Unis, les côtes septentrionales de l’Europe et les îles secondaires d’Asie. Le tourisme de masse, épuisé par la surconsommation et les files d’attente interminables, laisse place à une nouvelle génération de voyageurs en quête d’expériences émotionnelles et durables.
Les experts estiment que la pandémie a profondément modifié la perception du voyage. “Le luxe, aujourd’hui, ce n’est plus le cinq étoiles, c’est l’espace, la solitude et le silence”, résume un analyste d’Expedia. Cette mutation s’accompagne d’une conscience écologique accrue : les hébergements certifiés durables, la compensation carbone et les circuits courts s’imposent comme des critères décisifs dans le choix des destinations.
Pour Israël, cette tendance pourrait avoir un impact positif. Le ministère du Tourisme y voit une opportunité : “Le public mondial recherche désormais ce que notre pays peut offrir — nature, culture, spiritualité et histoire”, a déclaré un porte-parole. Les autorités travaillent à repositionner le désert du Néguev, la Galilée et la mer Morte comme des “espaces d’évasion authentiques”, dans l’esprit du slow travel que promeut Expedia.
Le rapport Unpack’26 marque ainsi un tournant. Loin des mégapoles et des resorts standardisés, les voyageurs veulent des lieux qui ont du sens, où le temps s’étire et où la beauté ne se mesure pas en selfies mais en émotions. Big Sky, Okinawa et la Sardaigne incarnent cette reconquête du vrai, dans un monde saturé de bruit et d’images.
À l’aube de 2026, le tourisme mondial se redessine : moins de destinations, mais plus d’âme. Une promesse d’avenir pour les territoires qui sauront préserver ce que la modernité a souvent détruit — la simplicité du monde.







