Qu’y a-t-il de bon dans la graisse ? Des scientifiques de l’Université Ben Gurion d’Israël ont identifié de nouveaux types de cellules adipeuses dans le corps et décrit leur fonction, par exemple pour contrôler l’appétit. Les résultats de leurs recherches, qui font partie du projet international Human Cell Atlas, pourraient ouvrir la voie à une médecine personnalisée dans le domaine de l’obésité.
Des scientifiques ont récemment identifié de nouvelles sous-populations de cellules graisseuses dans le corps humain, une découverte qui pourrait ouvrir la voie à des traitements plus efficaces pour l’obésité et les troubles métaboliques associés. Cette recherche, menée par des scientifiques de l’Université Ben-Gourion en collaboration avec des experts de l’Université hébraïque de Jérusalem, de l’Université de Leipzig en Allemagne et de l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, a permis de mettre en évidence des types distincts de cellules graisseuses aux fonctions spécialisées, telles que la régulation de l’inflammation et la formation de vaisseaux sanguins.
L’étude fait partie du projet Human Cell Atlas, une initiative internationale visant à cartographier les différents types de cellules dans le corps humain. Les chercheurs ont analysé les cellules graisseuses issues des tissus adipeux sous-cutanés et intra-abdominaux afin de découvrir leurs rôles spécifiques et leurs interactions.
Les résultats de cette étude, récemment publiés dans la revue scientifique Nature Genetics, ont utilisé des technologies avancées de cartographie de l’ARN afin de distinguer les types uniques de cellules graisseuses et les modèles de communication intercellulaire dans différents tissus. Les chercheurs ont également appliqué une technique permettant d’attacher des codes-barres uniques aux molécules d’ARN, ce qui a permis de tracer chaque molécule jusqu’à sa cellule d’origine.
En séquençant et en catégorisant ces molécules, les scientifiques ont pu identifier des types de cellules graisseuses déjà connus, ainsi que de nouveaux sous-types encore non caractérisés. Ils ont expliqué que certaines de ces nouvelles cellules semblent réguler l’inflammation, la formation de vaisseaux sanguins, la déposition de protéines extracellulaires et la fibrose.
Pendant longtemps, les cellules graisseuses ont été considérées comme un simple réservoir passif pour l’excédent énergétique. Cependant, ces dernières décennies, la recherche a montré qu’elles jouent un rôle actif dans la régulation du métabolisme et de la santé en général. Elles sécrètent des protéines et d’autres molécules qui influencent le cerveau, le foie, le pancréas et les vaisseaux sanguins.
L’étude a également révélé que les cellules graisseuses intra-abdominales s’engagent davantage dans la communication liée au système immunitaire, contribuant ainsi à l’inflammation, tandis que les cellules graisseuses sous-cutanées interagissent principalement entre elles et présentent des propriétés anti-inflammatoires.
Une des découvertes majeures de cette étude est que certains sous-types de cellules graisseuses, auparavant considérés comme dérivés des cellules graisseuses classiques, se développent en sens inverse. Ces cellules spécialisées semblent se transformer en cellules graisseuses classiques, perdant ainsi leurs fonctions uniques au fil du temps. Cela remet en question les hypothèses antérieures sur la différenciation des cellules graisseuses et suggère une voie de développement plus complexe.
Les chercheurs ont aussi découvert qu’un sous-type particulier de cellules graisseuses existe exclusivement dans la graisse intra-abdominale. Ces cellules pourraient jouer un rôle dans l’inflammation liée à l’obésité et les troubles métaboliques. Leur présence et leur prévalence pourraient aider à prédire le risque qu’un individu développe des complications liées à l’obésité et à évaluer sa réponse aux traitements.
Les auteurs de l’étude estiment que ces découvertes pourraient permettre des approches plus personnalisées dans le traitement de l’obésité. En identifiant les types spécifiques de cellules graisseuses présentes dans le tissu adipeux d’un individu, les médecins pourraient évaluer plus précisément sa santé métabolique.
Les recherches futures viseront à développer des outils cliniques permettant de détecter ces sous-types de cellules graisseuses dans des échantillons de tissus. Comprendre la fonction des différents types de cellules graisseuses pourrait mener à des traitements ciblant spécifiquement les sous-types de cellules graisseuses nuisibles, tout en préservant ou en améliorant les cellules bénéfiques. De plus, les stratégies de perte de poids pourraient être affinées pour se concentrer sur des tissus graisseux spécifiques.
[signoff]