Le Professeur Yaacov Bornstein, président de la Société pour la recherche et la prévention des maladies sexuellement transmissibles, dirige une initiative visant à éliminer les cancers causés par le virus du papillome humain (HPV). En améliorant la couverture vaccinale contre ce virus en Israël, comme cela a été réalisé dans des pays tels que l’Australie et la Suède, le pays pourrait atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’ici 2030. Israël relèvera-t-elle ce défi ?
Le potentiel du vaccin contre le HPV
Imaginez pouvoir vacciner toute la population d’Israël contre certains types de cancers courants et parfois mortels. Cela permettrait de prévenir des centaines de cas de maladie chaque année, de sauver des vies et, en même temps, de réduire les coûts pour l’État. Ce scénario n’est pas utopique : plusieurs pays ont déjà atteint cet objectif. En 2018, l’OMS a annoncé un plan visant à éradiquer le cancer du col de l’utérus d’ici 2030. Ce cancer est causé par le virus du papillome humain (HPV). Les 194 États membres de l’OMS, y compris Israël, ont approuvé cette initiative. Cependant, alors que certaines nations ont élargi cet objectif à d’autres types de cancers causés par le HPV, Israël n’a pas encore élaboré de stratégie nationale.
Vaccination insuffisante en Israël
Pour atteindre l’objectif de l’OMS, il est nécessaire que 90 % des filles soient vaccinées contre le HPV avant l’âge de 15 ans. Or, en 2024, seulement 54 % des adolescentes israéliennes avaient reçu la deuxième dose du vaccin. Le Professeur Bornstein souligne qu’Israël, souvent en tête en matière de vaccination (comme pour la rougeole ou la rubéole), n’a pas su maintenir cette performance pour le HPV.
Un plan stratégique pour Israël
Face à ce constat, le Professeur Bornstein a formé une coalition regroupant huit sociétés scientifiques, les caisses d’assurance-maladie israéliennes et des représentantes de patientes atteintes de cancer du col de l’utérus. Cette coalition a présenté un plan visant à promouvoir l’éradication des cancers liés au HPV en Israël. Le ministère de la Santé a récemment annoncé son intention de mettre en œuvre ce plan.
Comprendre le virus du papillome humain (HPV)
Le HPV est un virus très courant, transmis par contact sexuel ou physique rapproché. Bien que la plupart des infections soient éliminées naturellement par le corps, certains types de HPV peuvent entraîner des lésions précancéreuses ou des cancers (col de l’utérus, vulve, vagin, anus, bouche et gorge). En Israël, environ 300 femmes reçoivent chaque année un diagnostic de cancer du col de l’utérus, et 150 en meurent.
Prévention et traitement
Le dépistage du HPV en Israël est recommandé tous les 3 à 5 ans pour les femmes de 25 à 65 ans. En cas de détection, des tests supplémentaires et des traitements sont proposés. Cependant, la prévention par la vaccination reste la méthode la plus efficace. Le vaccin protège contre les neuf souches les plus dangereuses du virus. Il est sûr, efficace, et recommandé avant l’exposition au virus (idéalement avant le début de l’activité sexuelle).
Défis spécifiques à Israël
En Israël, la vaccination dans les écoles publiques atteint 80 %, mais seulement 7 % dans les écoles ultra-orthodoxes. Pour surmonter ces obstacles, une stratégie visant à vacciner les enfants plus jeunes (à partir de 9 ans) a été approuvée. Par ailleurs, il existe des difficultés logistiques et des réticences dues à la désinformation en ligne.
Les leçons des pays leaders
Des pays comme l’Australie, le Portugal et la Suède ont déjà atteint ou presque l’objectif d’éradication. Leur succès montre qu’avec des politiques publiques adaptées, Israël peut, elle aussi, éliminer ces cancers. Le Professeur Bornstein conclut avec optimisme : « Si ces pays y sont parvenus, rien ne justifie qu’Israël n’y arrive pas. »
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