Un changement fiscal majeur est entré en vigueur cette nuit en Israël et concerne directement des millions de consommateurs. À compter d’aujourd’hui, le plafond de franchise de TVA sur les importations personnelles a été relevé de 75 à 150 dollars. Concrètement, cela signifie que les Israéliens peuvent désormais commander en ligne des produits d’une valeur allant jusqu’à 150 dollars sans payer la TVA de 18 %, une mesure présentée par le ministère des Finances comme un levier de lutte contre la vie chère.

Le nouveau plafond s’applique aux achats effectués dans le cadre de l’importation personnelle, c’est-à-dire aux commandes passées sur des sites internationaux et livrées directement au domicile du consommateur ou dans un point relais. Jusqu’à présent, toute commande dépassant 75 dollars était automatiquement soumise à la TVA, ce qui limitait fortement l’intérêt économique de nombreux achats en ligne, notamment dans les secteurs de l’habillement, des chaussures, des jouets ou de l’électronique légère.

La décision a été formalisée par un décret signé par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et s’inscrit dans une politique plus large visant à accroître la concurrence avec les importateurs et les distributeurs locaux. Selon le ministère, l’objectif affiché est clair : faire baisser les prix à la consommation en permettant aux citoyens d’accéder plus facilement à des produits proposés à des tarifs plus compétitifs à l’étranger.

Sur le plan pratique, la réforme élargit considérablement la gamme de produits pouvant être commandés sans surcoût fiscal. Des articles dont le prix se situe entre 75 et 150 dollars — jusqu’ici pénalisés par la TVA — deviennent désormais beaucoup plus attractifs. Pour une famille moyenne, cela peut représenter des économies cumulées de plusieurs centaines de shekels par mois, en particulier pour les foyers habitués à commander régulièrement sur des plateformes internationales.

Il est toutefois important de préciser que la franchise s’applique uniquement à la valeur du produit lui-même. Les frais de livraison ne sont pas inclus dans le calcul du plafond. Ainsi, un article acheté 145 dollars avec 20 dollars de frais de port reste éligible à l’exonération de TVA. En revanche, certaines charges annexes, comme des frais de dédouanement ou de courtage, peuvent encore être appliquées selon le transporteur et le mode d’expédition.

Tous les produits ne sont pas concernés par cette exemption. Les marchandises soumises à une réglementation spécifique, telles que l’alcool, les produits du tabac ou certains biens nécessitant des autorisations particulières, restent exclues du dispositif et continuent d’être taxées quel que soit leur prix. Les autorités recommandent aux consommateurs de vérifier la classification du produit avant de commander, notamment via les outils mis à disposition par l’Autorité fiscale israélienne.

Un point central du dispositif concerne la date déterminante pour l’application de la réforme. Ce n’est pas la date de commande qui fait foi, mais celle de l’arrivée du colis en Israël. Autrement dit, une commande passée avant l’entrée en vigueur du nouveau plafond peut bénéficier de l’exonération si le colis arrive au contrôle douanier après la date effective du décret. À l’inverse, certains sites internationaux facturent les taxes dès la commande, selon les règles en vigueur au moment de l’achat, ce qui peut entraîner des écarts entre la législation israélienne et la facturation du site marchand.

Du côté des consommateurs, l’annonce a été accueillie favorablement, notamment dans un contexte de hausse continue du coût de la vie. De nombreux analystes estiment que la mesure encouragera davantage d’achats en ligne à l’étranger, en particulier dans les catégories de produits dont les prix en Israël sont jugés excessifs. Les secteurs de la mode, des jouets, des accessoires technologiques et des produits de beauté devraient être parmi les principaux bénéficiaires.

En revanche, la réforme suscite une vive inquiétude chez les commerçants et les importateurs locaux. Plusieurs organisations professionnelles ont déjà exprimé leur opposition, estimant que l’élargissement de la franchise de TVA crée une distorsion de concurrence au détriment des entreprises israéliennes, qui restent soumises à la TVA sur chaque vente. Selon eux, cette politique risque d’affaiblir le commerce de proximité, de réduire les marges des petites entreprises et, à terme, de peser sur l’emploi.

Au ministère des Finances, on rétorque que la pression concurrentielle est nécessaire pour forcer une baisse des prix sur le marché intérieur. Les partisans de la réforme soutiennent qu’à moyen terme, les distributeurs locaux devront ajuster leurs tarifs et rationaliser leurs coûts pour rester compétitifs, ce qui bénéficierait à l’ensemble des consommateurs.

Sur le plan budgétaire, la mesure devrait entraîner une baisse des recettes de TVA estimée à plusieurs centaines de millions de shekels par an. Le ministère des Finances reconnaît cet impact, mais estime qu’il sera partiellement compensé par une augmentation du volume des achats et par des retombées indirectes sur la consommation globale.

En pratique, les autorités appellent les consommateurs à faire preuve de vigilance. Si plusieurs articles sont expédiés dans un même colis et que la valeur totale dépasse 150 dollars, l’ensemble de la commande peut être soumis à la TVA. Les tentatives de fractionnement artificiel des commandes sont également susceptibles d’être requalifiées par les services douaniers.

Cette réforme marque ainsi un tournant important dans la politique israélienne de taxation des achats en ligne. Si elle offre de réelles opportunités d’économies pour les ménages, elle pose également des questions de fond sur l’équilibre entre ouverture à la concurrence internationale et protection du tissu économique local.