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Depuis le 7 octobre 2023, des centaines de soldats israéliens, du service actif ou réservistes, sont tombés dans les combats. Le livre « Si vous lisez ces mots » rassemble leurs lettres d’adieu, retrouvées dans leurs téléphones, carnets, ou fichiers personnels – des mots simples, sincères, puissants. Des jeunes qui ont mis leurs rêves de côté, et qui, avant de tomber, ont offert leur dernière pensée à ceux qu’ils aimaient.

Assaf Master z »l (22 ans), capitaine dans l’unité du génie de combat 601

Il a écrit sa lettre le 18 octobre 2023, dans son téléphone, juste avant l’entrée terrestre dans Gaza :

« À ma famille,
C’est fini. Les deux semaines de préparations, de désordre, les zones de rassemblement, tout ça – terminé.
On entre.
Je n’avais pas prévu d’écrire un texte émouvant qui deviendrait une chanson. Je pensais revenir la semaine prochaine pour fêter mon anniversaire.
Mais bon, je vais essayer.

[…]
Je veux vous dire que je suis totalement en paix avec l’endroit où je suis. Oui, j’ai un peu peur. J’aurais préféré être entouré de mes frères d’armes de Yahalom, mais je suis fier. Je suis là où je dois être.
Merci de m’avoir permis d’arriver jusqu’ici. Sans vous, je ne serais pas celui que je suis.
[…]
À mes amis : Omri, Nadav, l’équipe, Zekharia, tout le monde – je vous aime à la folie. Merci de m’avoir permis d’être moi-même avec vous.
[…]
Bon, tout ça ne sert à rien, personne ne lira ces mots. Dans un mois, je commence le rôle de ma vie dans l’unité Hez.
Je vous aime tous. »

Lavi Lifshitz z »l (20 ans), commando de l’unité Givati

Il a écrit sa lettre cinq mois avant la guerre, en mai 2023, en prévision d’un possible conflit. Le fichier était intitulé « En cas de décès ».

« Peut-être que ça va dégénérer en Liban 3. Je me suis dit que ça valait la peine de laisser quelques explications.
Si je meurs, je veux qu’il y ait au moins un texte d’adieu sur moi – car à quoi bon vivre si je ne peux même pas écrire l’éloge funèbre de personne ?

[…]
Je ne regrette pas de m’être engagé dans la Givati.
Merci à l’État pour cette opportunité. Merci à mes frères d’armes pour ces liens si rares.
Ne sombrez pas dans le deuil. Il est épuisant. Agissez. L’action construit. »

Adi Odaya Baruch z »l (22 ans), sergent-chef, tombée à Sderot

Elle avait écrit un poème prémonitoire en janvier 2023 après la mort de deux amis proches :

« Et si un jour je meurs
Avant que mon heure ne vienne
Je veux que vous célébriez la vie
Et non que vous pleuriez ma mort.
[…]
Voyagez pour moi,
Chérissez chaque petit instant
Et parfois, souriez aux nuages –
Je serai là. »

Sa mère a retrouvé ce poème dans son ordinateur après sa mort. Il a été mis en musique plus de 20 fois depuis.

Erez Mishlovski z »l (20 ans), soldat de l’unité Tzabar – Givati

Il a écrit dans son carnet la veille de l’entrée à Gaza, trois jours avant de tomber :

« J’ai toujours voulu une phrase à moi. Quelque chose d’un peu cynique mais profond.
Je choisis : “Si déjà, alors autant”.
Si je dois entrer – autant que ce soit pour ma famille, mes amis, mon peuple.
Quand j’étais enfant, on me protégeait. C’est mon tour, maintenant.

[…]
Papa, Maman, je vous aime. Même quand on se disputait, je sais que c’était par inquiétude.
Merci pour tout.
À mes frères et sœurs – merci pour les fous rires, les disputes, les bêtises. Je vous aime.
Eden, ma “petite monstre”, ma vie, mon amour – je t’aime, et je t’aimerai toujours. »

Commentaire de l’écrivaine Zeruya Shalev :

Un jeune homme écrit une lettre qu’il espère ne jamais voir lue. Et pourtant, il sait que sa sœur pourrait devenir l’aînée, ses parents des endeuillés, son corps en fleurs enterré dans la terre.
Ces mots sont un adieu, une bénédiction, un legs. Une dernière offrande. Une paix déchirante, un courage silencieux, une reconnaissance bouleversante envers la vie.
Et nous, lecteurs anonymes, pleurons pour eux comme s’ils étaient les nôtres.

Ces lettres sont réunies dans le livre-hommage « אם אתם קוראים את המילים האלה » (Si vous lisez ces mots), publié par la maison d’édition Tobi. Elles immortalisent le courage, l’humanité, et l’amour de jeunes hommes et femmes qui sont partis trop tôt – mais qui ont su, par leurs mots, toucher l’éternité.

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