« L’urgence et les atrocités sont extrêmes », a déclaré Marie Mesmeur, députée La France insoumise (LFI) d’Ille-et-Vilaine, en annonçant son intention de rejoindre le Global Sumud Flotilla, une flottille dite humanitaire censée appareiller le 4 septembre à destination de Gaza. Aux côtés d’autres élus et militants, l’élue bretonne entend « briser le blocus israélien » et « établir un corridor maritime humanitaire et populaire ».
Dans son communiqué, la députée présente cette démarche comme « strictement humanitaire et pacifique », motivée par la volonté de « refuser le silence face au génocide du peuple palestinien ». Elle insiste sur un combat « pour la justice, la liberté et le caractère sacré de la vie humaine », se définissant comme « militante déterminée de la paix ».
Mais derrière ce discours se cache une initiative hautement problématique. Car il faut le rappeler : un élu de la République française, tenu par son mandat et par le principe de neutralité des institutions, n’a pas le droit de participer à une flottille qui se fixe pour objectif affiché de forcer un blocus militaire reconnu par la communauté internationale comme une mesure de sécurité légitime. Depuis 2007, le blocus maritime autour de Gaza a été instauré par Israël pour empêcher le Hamas, organisation islamiste classée terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, de se réarmer via des cargaisons d’armes. La légalité de ce dispositif a été confirmée par le rapport Palmer de l’ONU en 2011, qui a reconnu le droit d’Israël à sécuriser ses côtes face aux menaces terroristes【Wikipédia – Blocus de Gaza】.
Ainsi, la participation d’une députée française à une telle initiative place directement la France dans une situation diplomatique délicate. Non seulement cela viole l’exigence de réserve attachée à sa fonction, mais cela peut aussi être interprété comme une ingérence dans un conflit étranger, au mépris de la position officielle de l’État français. Un parlementaire n’agit pas seulement en son nom propre : il engage, qu’il le veuille ou non, l’image de la République.
Les flottilles vers Gaza ne sont pas neutres. L’histoire récente l’a démontré : en 2010, l’arraisonnement du Mavi Marmara par la marine israélienne avait dégénéré en affrontements sanglants, coûtant la vie à dix militants turcs liés à l’organisation islamiste IHH. Derrière l’étiquette « humanitaire », ces initiatives ont souvent servi de tribune politique contre Israël, et parfois de vecteurs pour des organisations radicales. Les ONG réellement humanitaires savent, elles, que l’acheminement de l’aide à Gaza se fait par des canaux coordonnés avec les agences internationales et les postes frontières.
La démarche de Marie Mesmeur soulève aussi une question juridique : un député français peut-il participer à une action destinée à contourner un blocus maritime reconnu par le droit international ? Certains juristes rappellent qu’une telle action peut être assimilée à une provocation à la violation de règles de sécurité et qu’elle expose ses participants à des poursuites ou à une expulsion.
Sur le plan politique, cette initiative met en lumière la radicalisation d’une partie de La France insoumise, qui ne se contente plus de dénoncer la politique israélienne mais s’aligne désormais sur des actions militantes directement coordonnées avec des réseaux pro-palestiniens. Pour Israël et ses soutiens, il s’agit d’un nouvel épisode dans la campagne internationale de délégitimation, où des élus occidentaux apportent caution à des initiatives hostiles au droit d’Israël à se défendre.
La participation d’une députée française à une telle flottille va donc bien au-delà d’un simple « geste humanitaire ». Elle brouille la frontière entre engagement militant et responsabilité institutionnelle, et place la France dans une situation inconfortable sur le plan diplomatique. En prétendant défendre la paix, Marie Mesmeur s’engage en réalité dans une confrontation politique à haut risque, qui ne fera qu’alimenter les tensions au lieu de les apaiser.
En conclusion, cette affaire illustre le danger d’une confusion croissante entre le rôle des parlementaires et celui des militants. Lorsqu’un élu prend la mer pour défier un État démocratique en guerre contre une organisation terroriste, ce n’est pas seulement une question de conviction personnelle : c’est une atteinte à la neutralité des institutions et un précédent inquiétant. Reste à savoir si la République française tolérera longtemps que ses représentants s’érigent en acteurs directs d’un conflit étranger, au détriment de son équilibre diplomatique.






