Avec l’intensification du conflit au Moyen-Orient, les répercussions ne se font pas seulement sentir sur le front militaire ou diplomatique. Elles touchent aussi de plein fouet le quotidien des consommateurs israéliens, en particulier ceux habitués à commander régulièrement sur des plateformes comme Amazon, iHerb, Next ou encore ASOS.
L’avertissement est désormais clair : il est inutile de commander des colis à l’étranger pour le moment. Ils n’arriveront pas. La fermeture quasi totale de l’espace aérien israélien empêche toute livraison de colis, et les quelques rares exceptions ne suffisent pas à compenser l’ampleur du blocage.
Une chaîne logistique suspendue
En Israël, la majorité des colis venus de l’étranger arrivent via les vols commerciaux réguliers. Ces derniers ayant été annulés ou suspendus à durée indéterminée à cause des risques sécuritaires, la chaîne logistique est à l’arrêt.
Yaniv Porat, directeur du site et du groupe d’achats Alibuy, le confirme sans détour :
« Il n’y a aucun intérêt à commander actuellement de l’étranger. Il n’y a pas de vols. Même les vols de rapatriement pour les citoyens israéliens n’ont pas encore été mis en place. Alors les colis ? Il faudra attendre. »
Selon lui, la compagnie El Al ne devrait pas reprendre ses vols avant la semaine prochaine au plus tôt, et il faudra probablement deux semaines ou plus avant que le trafic aérien ne retrouve une forme de stabilité.
Des colis retardés, voire annulés
En parallèle, les bureaux de poste israéliens sont majoritairement fermés, à l’exception d’une cinquantaine de succursales considérées comme protégées et autorisées par le Commandement du Front intérieur. Cela ajoute une difficulté logistique de plus, même pour les quelques colis ayant réussi à atteindre le territoire.
La hausse brutale du dollar et du prix des carburants ce week-end n’aide en rien la situation. Elle pourrait provoquer une augmentation des frais d’expédition dès la reprise des vols, ce qui affecterait à nouveau le pouvoir d’achat des ménages israéliens.
Quelles plateformes continuent à fonctionner ?
Selon Porat, AliExpress est une exception partielle. Le géant chinois a récemment lancé une opération promotionnelle, et certains produits peuvent être livrés, car AliExpress dispose de stocks en Israël.
« Il suffit de vérifier que le produit indique bien une expédition locale. Si c’est le cas, on peut commander sans souci. Sinon, mieux vaut s’abstenir. »
Benny Bouhnik, gestionnaire du site « INeedit – Kaze Ani Rotse », nuance légèrement ce tableau :
« Il y a encore quelques vols cargo qui atterrissent. Mais il faut être réaliste : la grande majorité des colis arrivent habituellement via des vols commerciaux. Les entreprises ne vont pas chercher à tout re-router en cargo – elles préféreront retarder les expéditions. »
Des conseils pratiques pour les consommateurs
En résumé, les experts recommandent d’éviter toute commande non urgente depuis l’étranger. Si vous aviez prévu d’acheter une robe, un appareil électroménager ou une commande de vitamines – demandez-vous si cela peut attendre.
Si le produit est essentiel (comme un médicament non disponible localement), tentez de passer par un distributeur national ou de vérifier la disponibilité via des sites israéliens, même si leurs magasins physiques sont temporairement fermés.
Par ailleurs, les enseignes locales poursuivent souvent leurs ventes en ligne, avec livraison interne assurée – parfois même plus rapide qu’en temps normal, du fait du ralentissement général de l’économie.
Un changement temporaire dans les habitudes d’achat
Pour un pays où l’achat en ligne à l’étranger est devenu un mode de vie, cette suspension brutale remet en question des comportements ancrés. En 2024, les statistiques indiquaient qu’un foyer israélien sur deux commandait au moins une fois par mois depuis l’étranger.
Mais aujourd’hui, les incertitudes liées à la guerre, à la fermeture de l’espace aérien et à la volatilité du marché obligent les consommateurs à revenir – au moins temporairement – à une consommation plus locale.
Et ce n’est pas qu’un changement pratique. C’est aussi une redéfinition des priorités : quand les sirènes retentissent dans tout le pays et que l’on court se mettre à l’abri, l’urgence n’est plus d’avoir un nouveau blender ou des chaussures dernier cri.
En conclusion : patience, flexibilité, solidarité
Le message transmis par les experts est limpide : attendez avant de commander à l’étranger. La situation devrait se stabiliser, mais personne ne peut dire exactement quand.
En attendant, soutenir les commerces locaux, même en ligne, est non seulement une solution pratique, mais aussi un acte de solidarité économique. Car pendant que les colis d’Amazon dorment dans des entrepôts à l’autre bout du monde, les entreprises israéliennes continuent de se battre pour livrer, jour après jour, dans un pays en guerre.
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