Alors que les tensions avec l’Iran continuent de s’intensifier, provoquant des inquiétudes sécuritaires et géopolitiques, une surprise est venue ce matin du cœur économique d’Israël : la Bourse de Tel-Aviv a ouvert en hausse, et le shekel israélien s’est raffermi face aux principales devises mondiales.
Une évolution paradoxale, qui peut sembler contre-intuitive en période de guerre, mais qui s’explique par un certain nombre de facteurs économiques, psychologiques et géopolitiques.
Des marchés normalement averses à la guerre
Traditionnellement, les marchés financiers réagissent négativement à l’annonce de conflits militaires, surtout lorsqu’ils touchent directement le pays concerné. Les investisseurs, confrontés à l’incertitude, ont tendance à fuir les actifs risqués pour se réfugier dans les valeurs sûres, comme l’or, les obligations souveraines américaines ou le franc suisse.
Mais ce matin, le marché israélien a défié cette logique. L’indice Tel-Aviv 35, qui regroupe les 35 plus grandes entreprises cotées en Israël, a progressé de 0,25 % à l’ouverture. L’indice plus large, Tel-Aviv 125, a enregistré une hausse de 0,20 %.
Un shekel en pleine forme malgré la guerre
Sur le marché des changes, le shekel israélien a montré une résilience exceptionnelle. Alors que de nombreuses devises sont affectées par la volatilité globale, la monnaie israélienne s’est nettement renforcée ce matin :
- Le dollar a perdu 1,67 %, tombant à 3,5568 shekels
- L’euro a reculé de 1,87 %, à 4,1023 shekels
- La livre sterling a chuté de 2,06 %, à 4,8266 shekels
Ces chiffres reflètent non seulement la confiance relative des marchés dans la solidité économique israélienne, mais aussi les attentes d’un rétablissement rapide après l’escalade militaire actuelle.
Que se cache-t-il derrière cet optimisme ?
Plusieurs explications peuvent être avancées pour comprendre ce phénomène surprenant :
- Le conflit est (encore) contenu : Bien que les tensions avec l’Iran soient réelles et violentes, elles restent pour l’instant limitées dans leur durée et leur portée territoriale. La guerre, bien qu’impactante, n’a pas paralysé l’économie nationale, en particulier dans les secteurs technologiques qui dominent le paysage israélien.
- La confiance dans la résilience d’Israël : Les investisseurs israéliens et internationaux connaissent la capacité de l’État hébreu à faire face aux crises. Les systèmes de défense, la stabilité bancaire et la structure technologique de l’économie israélienne renforcent l’idée que le pays saura rebondir rapidement.
- L’anticipation d’un soutien international : En cas d’escalade prolongée, les marchés tablent sur un renforcement du soutien militaire et économique américain, voire européen, à Israël. Cela implique un afflux potentiel d’aide et une sécurisation des chaînes logistiques stratégiques.
- La possibilité d’une victoire stratégique : Contrairement aux conflits asymétriques avec le Hamas, la guerre avec l’Iran est perçue comme un affrontement entre États souverains, qui pourrait déboucher sur une résolution plus claire et une stabilisation régionale, ce qui plaît aux investisseurs.
Les autres marchés suivent la tendance
À l’international, les bourses asiatiques ont également affiché une tendance haussière ce matin, ce qui a pu contribuer à soutenir le moral des investisseurs :
- Le Nikkei 225 de Tokyo a gagné 1,26 %
- Le Hang Seng de Hong Kong a pris 0,35 %
- Le SSE 300 de Shanghai a progressé de 0,20 %
Ces hausses témoignent d’un climat de confiance modérée dans les marchés émergents, malgré les risques liés au conflit israélo-iranien.
Prudence malgré tout
Même si les chiffres sont encourageants, les experts restent prudents. La volatilité pourrait revenir rapidement si la guerre s’intensifie ou si des événements imprévus venaient troubler la stabilité des marchés.
« Il ne faut pas sous-estimer les risques à moyen terme », explique un analyste financier israélien.
« Une attaque sur des infrastructures critiques, une cyber-offensive majeure ou une entrée de nouveaux acteurs dans le conflit pourraient tout changer. »
D’autant plus que la consommation intérieure a ralenti et que le transport aérien est presque à l’arrêt, ce qui impacte d’autres secteurs comme la logistique, le tourisme ou le commerce de détail.
Israël, une économie de guerre… mais stable
L’économie israélienne a appris, au fil des décennies, à fonctionner même sous pression. En pleine guerre, les services publics continuent, les technologies de l’information tournent à plein régime, et la flexibilité du travail à distance permet à de nombreux secteurs de rester actifs.
« La guerre est terrible, mais Israël n’est pas une économie ordinaire », déclare un investisseur étranger.
« La créativité, l’agilité et la résilience du tissu entrepreneurial israélien sont uniques. »
Conclusion : les marchés font confiance à Israël
Pour le moment, les marchés israéliens gardent leur calme, et même plus encore : ils affichent une dynamique de croissance prudente. La monnaie nationale gagne en force, les indices boursiers résistent, et les fondamentaux économiques restent solides.
Même si l’avenir reste incertain, le message envoyé par les investisseurs est clair : Israël est en guerre, mais Israël tient bon.
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