Par temps de guerre, chaque logistique prend une dimension humaine et stratégique essentielle. Alors que le conflit avec l’Iran secoue la région et impose des restrictions aériennes majeures, Israël prépare un vaste pont aérien pour rapatrier ses citoyens à travers le monde. Une opération sans précédent, révélée par Hillel Biton Rosen de la chaîne 14, mobilisera soixante avions de compagnies aériennes israéliennes. En parallèle, un navire de passagers transportant 1 800 personnes est arrivé hier soir au port d’Ashdod depuis Larnaca (Chypre), marquant ainsi le coup d’envoi discret mais décisif de cette campagne de retour.
Un effort national à l’échelle mondiale
Le ministère des Transports, en coordination avec le bureau du Premier ministre et le ministère des Affaires étrangères, travaille d’arrache-pied pour établir un calendrier de vols de rapatriement depuis les hubs aéroportuaires encore accessibles. La fermeture temporaire de l’espace aérien israélien, décidée pour des raisons de sécurité, a laissé des dizaines de milliers d’Israéliens bloqués à l’étranger — touristes, étudiants, hommes d’affaires et familles. Selon les estimations, plus de 100 000 citoyens attendent un retour au pays.
Cette mission exceptionnelle repose essentiellement sur l’aviation civile. El Al, Arkia et Israir ont mis à disposition la majorité de leurs appareils, réaffectant leurs ressources humaines et techniques à cette mission nationale. « Tout est mis en œuvre pour ramener nos concitoyens à la maison », a affirmé une source gouvernementale anonyme. « Le but est de démontrer qu’Israël prend soin de ses enfants, peu importe où ils se trouvent dans le monde. »
Une logistique complexe
La complexité de l’opération tient à plusieurs facteurs : premièrement, la nécessité d’assurer des couloirs aériens sûrs en coordination avec des pays tiers ; deuxièmement, le manque d’aéroports ouverts dans un rayon régional proche ; enfin, les ressources limitées, notamment en personnel navigant.
Les compagnies israéliennes font appel à leurs anciens pilotes et hôtesses en réserve, rappelant ceux disponibles sur une base volontaire. « Nous avons reçu une mobilisation massive du personnel retraité ou en congé », a confié un cadre d’El Al. « Ils savent que ce n’est pas seulement un métier, c’est un devoir. »
Le pont maritime : une alternative stratégique
Le navire qui a accosté à Ashdod, en provenance de Larnaca, pourrait n’être que le premier d’une série. Cette route maritime est considérée comme une alternative viable tant que la situation aérienne reste instable. La compagnie maritime impliquée a indiqué qu’elle envisage d’autres trajets dans les prochains jours, notamment depuis la Grèce, la Turquie ou encore l’Italie du Sud, en fonction de la demande.
Ce bateau transportait 1 800 passagers, tous soumis à un contrôle de sécurité rigoureux à leur arrivée. Le port d’Ashdod a été préparé à l’accueil de grandes foules, avec l’aide du commandement du front intérieur, pour garantir un traitement fluide et sécurisé des voyageurs.
Une opération à forte portée symbolique
Pour le gouvernement israélien, il ne s’agit pas seulement d’une action logistique, mais d’un message de solidarité nationale. Dans un contexte de tension, où les attaques de missiles balistiques ont coûté la vie à plusieurs civils — notamment lors de la tragédie à Bat Yam —, la nation cherche à rassembler et protéger ses citoyens.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a rappelé que « chaque Israélien, qu’il soit au pays ou à l’étranger, fait partie de notre peuple. Nous ne laissons personne derrière. » Cette déclaration fait écho à une tradition profondément ancrée dans la culture israélienne : ne jamais abandonner un frère ou une sœur, où qu’ils soient.
Les défis à venir
Malgré les intentions louables, l’opération ne sera pas exempte de défis. La capacité aéroportuaire, même une fois rouverte, sera mise à rude épreuve par l’afflux soudain de passagers. De même, l’arrivée massive de citoyens nécessitera une organisation au sol, notamment pour les transports internes, l’hébergement temporaire pour les rapatriés sans logement et les soins psychologiques pour ceux ayant vécu des situations traumatisantes à l’étranger.
Une attention particulière sera portée aux étudiants en programme d’échange, aux Israéliens voyageant dans des zones à risque et aux familles dont certains membres possèdent des passeports étrangers — ce qui complique souvent les démarches administratives.
Le rôle de la diplomatie
Le ministère des Affaires étrangères a déjà activé ses ambassades pour recenser les citoyens en attente de retour et établir des listes prioritaires. Les diplomates israéliens à Paris, New York, Londres, Bangkok et Buenos Aires sont mobilisés. Ils travaillent avec les gouvernements hôtes pour assurer un passage sécurisé, même dans des aéroports où les vols commerciaux sont restreints.
Un moment d’unité
Malgré les tensions politiques internes qui ont secoué Israël ces derniers mois, cette initiative crée un rare moment d’unité nationale. Les réseaux sociaux abondent de témoignages de gratitude envers les compagnies aériennes, les marins et les militaires qui participent à cette mission. Des images d’Israéliens débarquant en larmes à Ashdod ont été largement partagées, rappelant à tous que la sécurité collective et l’entraide restent des piliers de la société israélienne.
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