Les signes se multiplient indiquant que le président américain Donald Trump se rapproche d’une décision en faveur d’une attaque contre le programme nucléaire iranien. Sans déployer de troupes et à travers une seule opération qui mettrait fin rapidement à la guerre sans perturber les prix du pétrole, Trump pourrait en sortir comme le grand vainqueur.
C’est peut-être l’un des paris les plus risqués du moment, mais au cours des dernières 24 heures, les indices se sont accumulés : Trump semble sur le point d’engager activement les États-Unis dans le conflit entre Israël et l’Iran. Cela a commencé par son départ anticipé du sommet du G7 – sans raison valable si ce n’est une préparation à une action contre l’Iran. Comme un employé lambda en Israël, le président américain sait gérer à distance. Ensuite sont venus les signaux militaires détectés par des radars à travers l’Europe, révélant une forte activité aérienne vers le Moyen-Orient : avions, porte-avions, ravitailleurs. Même J.D. Vance, le vice-président et figure de proue du courant isolationniste, a changé de ton aujourd’hui en déclarant :
« Le président a fait preuve de retenue, mais il pourrait décider d’agir. C’est sa décision. Je peux vous garantir qu’il souhaite n’utiliser l’armée que pour servir les intérêts du peuple américain. »
Une guerre « instantanée », déjà prête
Certes, des arguments solides s’opposent encore à une telle initiative : la base électorale de Trump est majoritairement opposée à une intervention militaire en Iran. Trump, maître de « l’art de la négociation », cherche en principe à éviter les guerres. Mais si l’on analyse la situation en termes économiques – et Trump reste avant tout un homme d’affaires –, cette guerre représente un potentiel de gain presque illimité et un risque limité.
Israël a préparé pour lui une sorte de « plat cuisiné » : une stratégie soigneusement élaborée, des actions militaires déjà bien entamées. Il ne reste à Trump qu’à « verser l’eau chaude » et récolter les fruits d’une guerre express, dans laquelle d’autres ont fait l’essentiel du travail.
Éviter une Troisième Guerre mondiale
Un soutien militaire américain actif, sous la forme d’une frappe ciblée, pourrait éliminer la menace d’une escalade vers une guerre mondiale – une crainte omniprésente. Et cette fois, l’intervention américaine ne nécessiterait ni troupes au sol ni investissements budgétaires majeurs. En revanche, cela renforcerait l’image d’une Amérique puissante capable de renverser la situation.
Trump, qui se voit depuis longtemps comme une figure quasi divine – surtout depuis qu’il a survécu à une tentative d’assassinat pendant la campagne – se place désormais dans le rôle de « Deus ex machina ». Il a d’ailleurs partagé sur Twitter un message reçu de Mike Huckabee, ambassadeur américain en Israël, disant : « Écoute la voix de Dieu. »
Mais il ne s’agit pas de religion, plutôt d’un calcul géopolitique froid. Il y a cinq jours à peine, la réussite de l’opération israélienne – ambitieuse au point d’en défier l’imagination – n’était pas garantie. L’administration Trump affichait un soutien verbal à Israël tout en gardant ses distances. Mais au fil des victoires israéliennes, Trump s’est rapproché du dossier, se présentant comme informé et impliqué. Et avec l’élimination du nouveau chef d’état-major iranien (en poste depuis seulement quatre jours), la situation s’est clarifiée.
Le bon moment pour frapper Fordo
Israël semble à un cheveu d’une victoire décisive. Mais si ce « cheveu » tarde, comme à Gaza, le risque grandit : une guerre d’usure, frappes mutuelles, et potentiellement des attaques israéliennes contre les installations pétrolières iraniennes – ce qui provoquerait la flambée des prix du pétrole, que Trump redoute le plus.
À l’inverse, une frappe américaine immédiate sur le site nucléaire de Fordo, alors que l’Iran montre déjà des signes de détresse, mettrait fin rapidement à la guerre sans affecter les prix du pétrole. Les Américains pourraient ainsi fêter le 4 juillet sans se plaindre du prix de l’essence. Trump sortirait vainqueur, pourrait signer un accord de paix régional, et prétendre au Prix Nobel de la Paix – qu’il convoite depuis longtemps.
Rétablir l’ordre mondial
Ce scénario enverrait aussi un message fort aux alliés de l’Iran, notamment la Russie et la Chine : les États-Unis restent les maîtres du monde. Plus que son échec à conclure un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, ou même avec l’Iran, ce qui a déçu Trump, c’est l’attitude de Vladimir Poutine, qui a refusé de signer un accord de paix avec l’Ukraine. Le camouflet infligé à Zelensky n’a eu que peu de conséquences pratiques, mais a révélé une perte de prestige américain.
Trump a promis à ses électeurs de ne pas s’embourber dans des aventures militaires – la politique America First – mais reste aussi fidèle à son slogan « Make America Great Again ». Et cela passe par l’effacement de l’humiliation d’Afghanistan, où des soutiens désespérés s’accrochaient aux ailes des avions américains en fuite.
La grande victoire de Trump ?
La dissolution de l’axe Iran–Russie–Chine serait une réussite historique et sans précédent, un objectif poursuivi en vain par de nombreux présidents américains. Aujourd’hui, Israël le sert à Trump sur un plateau.
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