Un drame inattendu sur fond d’invasion massive de méduses en Israël soulève inquiétude et colère chez les baigneurs comme les experts.
Ce qui devait être une simple après-midi estivale entre amies s’est transformé en cauchemar pour Par, une adolescente de 15 ans originaire de Kfar Yona. Alors qu’elle se baignait dans les eaux peu profondes de la plage Sironit à Netanya, elle a été littéralement engloutie par une méduse géante, dans un épisode aussi choquant que rare sur les côtes israéliennes.
Sa mère, Keren, a raconté à N12 : « La méduse l’a aspirée d’un coup. Elle n’a même pas compris ce qui lui arrivait… ». La jeune fille, frêle et ne pesant que 35 kg, a été enveloppée entièrement par la créature marine, laissant sa famille et les témoins médusés – au sens propre comme au figuré.
Heureusement, un surfeur présent a réagi rapidement : il a extirpé Par de l’eau, l’a hissée sur sa planche, et l’a ramenée en criant jusqu’au rivage. Là, plusieurs personnes ont tenté tant bien que mal de détacher la méduse, toujours accrochée à son corps, jusqu’à l’arrivée des secours.
Transportée en urgence à l’hôpital Meir de Kfar Saba, Par est toujours hospitalisée. Son état est jugé stable mais préoccupant : brûlures au second degré, œdèmes et choc post-traumatique sévère. Les médecins précisent qu’elle devra rester sous surveillance psychologique après l’incident.
Un été empoisonné : invasion massive de méduses en Israël
Cet accident tragique intervient alors qu’Israël fait face à une invasion sans précédent de méduses sur l’ensemble de son littoral méditerranéen. Selon les dernières observations de l’organisation EcoOcean, les plages du sud ont été submergées par des essaims de méduses, et ces bancs se dirigent désormais vers le nord du pays – notamment vers Tel-Aviv, Herzliya et Haïfa.
Le Dr Dor Edelist, écologue marin à l’Université de Haïfa, confirme qu’il s’agit d’un phénomène extrêmement rare en intensité : « C’est un pic saisonnier classique à la fin juin, mais les volumes cette année sont totalement anormaux ».
L’espèce la plus redoutée, et probablement celle qui a attaqué Par, est la méduse pélagique (Pelagia noctiluca), surnommée « la hûtite migrante » en hébreu. Cette espèce est :
- Transparente et blanchâtre, ce qui la rend difficile à repérer ;
- Dotée de longs tentacules très urticants ;
- Et reconnue pour sa nature invasive et agressive.
Parmi les autres espèces observées :
- La « Bleu à frange lisse », identifiable à son anneau bleu distinctif, est moins dangereuse ;
- Et la « Rhizostome » de la mer Rouge, qui pique faiblement mais indique une diversité biologique accrue.
Pour mieux connaître les espèces et prévenir les risques, vous pouvez consulter cette fiche informative sur les méduses.
Danger croissant : quand la mer devient une menace
Cette situation illustre un défi environnemental majeur : les méduses prolifèrent en raison de la hausse des températures marines, de la surpêche (qui élimine leurs prédateurs naturels), et de la pollution qui favorise leur reproduction.
Mais ce n’est pas seulement un problème écologique. C’est aussi une crise de santé publique. Chaque année, des milliers d’Israéliens sont touchés par des piqûres douloureuses, qui peuvent provoquer allergies, difficultés respiratoires et, comme dans le cas de Par, des brûlures graves.
Les autorités appellent à la vigilance :
- Évitez la baignade quand les méduses sont visibles ;
- Ne touchez pas les méduses échouées – elles peuvent encore piquer ;
- En cas de brûlure, évitez l’eau douce et préférez le vinaigre ou l’eau de mer, puis consulter immédiatement un médecin.
Une prise de conscience nécessaire… mais tardive ?
Alors que l’été bat son plein, la population s’interroge : les autorités ont-elles pris la menace suffisamment au sérieux ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’alertes systématiques sur les plages ? Où sont les campagnes de prévention ?
Face à ces critiques, le ministère de l’Environnement israélien renvoie la balle aux municipalités. Mais celles-ci, souvent débordées, manquent de moyens pour gérer l’afflux touristique et la menace biologique simultanément.
La plage Sironit de Netanya, réputée pour son attractivité et sa sécurité, n’avait aucun drapeau d’alerte le jour du drame. Un oubli dramatique qui pourrait relancer les débats sur la responsabilité des pouvoirs publics dans la protection des baigneurs.
Un appel à la mobilisation
Les parents de Par ont annoncé qu’ils entameront une campagne nationale de sensibilisation. Ils souhaitent notamment collaborer avec des ONG maritimes comme EcoOcean, mais aussi avec des médias partenaires comme Infos-Israel.News, Alyaexpress-News ou RakBeIsrael.buzz pour alerter le public et réclamer une meilleure gestion des plages.
Par ailleurs, plusieurs députés de droite évoquent déjà des propositions de loi pour encadrer l’affichage des risques biologiques sur les plages israéliennes, voire interdire la baignade lors de pics de présence de méduses. Une idée qui divise, mais qui pourrait sauver des vies.
Le saviez-vous ?
Les méduses ne sont pas des poissons mais des cnidaires, organismes primitifs apparus il y a plus de 500 millions d’années. Elles n’ont ni cerveau ni cœur, mais disposent de cellules urticantes appelées cnidocytes, capables d’injecter du venin en une fraction de seconde.
Pour en savoir plus sur leur biologie fascinante (et terrifiante), découvrez leur fiche complète sur Wikipédia.
« Ce que nous avons vu à Netanya n’est pas un simple accident balnéaire. C’est le signal d’alarme d’un écosystème en déséquilibre total », avertit Dr Edelist.
Face à cette réalité, il ne suffit plus de mettre de la crème solaire. Il faut une politique maritime digne de ce nom. Car si la mer Méditerranée devient hostile, c’est tout un mode de vie israélien qui est menacé.
Rédigé par Infos-Israel.News
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